Dernière mise à jour à 15h52 le 07/02
Il y a plus de mille ans déjà, en étant parmi les premiers au monde à utiliser des billets de banque, les Chinois qui vivaient à l'époque de la dynastie Tang étaient à la pointe du progrès sans même s'en apercevoir. Un millénaire plus tard, la Chine a de nouveau pris la tête d'une tendance mondiale dans le domaine des transactions, mais d'une autre manière, car cette fois, elle pourrait bien devenir le premier pays au monde à faire disparaître l'argent liquide.
Le statut économique de plus en plus important de la Chine dans le monde et ses politiques favorables ont conduit au développement rapide d'une société presque sans argent liquide. Ainsi, selon les statistiques de l'Association chinoise de paiement et compensation, de 2013 à 2016, le nombre de transactions effectuées via les applications mobiles non bancaires est passé de 3 770 milliards à plus de 97 000 milliards, avec un taux de croissance annuel composé de plus de 195%.
Cette nouvelle tendance en matière de paiements a également retenu l'attention du monde entier. Après le lancement en janvier de la principale plate-forme de paiement sans numéraire de Chine, Alipay en Israël, le service s'est étendu à 38 pays et régions, aidant plus de 280 millions d'utilisateurs étrangers à profiter de paiements sans numéraire.
« Cette alliance avec la principale marque mondiale Alipay constitue un pas en avant significatif dans le secteur du crédit, qui augmentera la clientèle des entreprises israéliennes et les exposera à un nouveau marché », a déclaré dans un communiqué Doron Sapir, PDG de l'émetteur de cartes de crédit israélien Israel Credit. Card Ltd.
Une révolution des transactions qui part de la base
Tout comme les billets de banque ont simplifié la vie économique de la Chine il y a un millier d'années, les paiements sans numéraire ont également fondamentalement changé la vie quotidienne des Chinois d'aujourd'hui.
Selon un sondage réalisé par l'Université Renmin de Chine en 2017, 52% des 6 595 répondants ont affirmé que moins de 20% de leurs dépenses mensuelles étaient effectuées en espèces, tandis que 74% ont dit pouvoir vivre plus d'un mois avec seulement 100 yuans dans leur poche grâce aux technologies avancées de paiement sans numéraire qu'offre la Chine.
« Depuis que WeChat Pay a été lancé, je l'utilise pour presque tout, même quand j'achète mon petit-déjeuner sur des stands de nourriture », a confié au Quotidien du Peuple en ligne Pu Rong, une employée de bureau de 27 ans de Beijing.
Liu Sumei, propriétaire d'une de ces échoppes situées à l'extérieur de la station de métro Hujialou dans le district de Chaoyang à Beijing, a précisé au Quotidien du Peuple en ligne que le paiement sans numéraire profite tant aux clients qu'aux vendeurs, car il permet d'éviter les faux billets et les erreurs comptables.
« Les clients estiment que manipuler des billets de banque et des pièces de monnaie tout en faisant la cuisine n'est pas hygiénique. Nous avions pensé à introduire la carte de crédit comme mode de paiement, mais les petits fournisseurs comme nous ne peuvent pas se permettre d'acquérir une machine à cartes », a-t-il souligné.
« Grâce au paiement sans numéraire, les clients peuvent simplement utiliser leur téléphone pour payer sans aucun contact physique avec nous, et dans le même temps, nous n'avons pas à apporter beaucoup de pièces de monnaie pour rendre la monnaie. C'est une solution gagnant-gagnant pour nous tous », a ajouté M. Liu.
Les opinions de l'employée de bureau et du vendeur sont partagées par le public chinois et les entreprises. Ainsi, selon une enquête menée par le Tencent Research Institute en 2017, 84% des personnes interrogées estiment qu'il n'est pas nécessaire de transporter de l'argent, car elles peuvent utiliser leur smartphone pour payer. Le paiement sans numéraire a également pénétré diverses industries, notamment le tourisme, le divertissement, les transports et même le secteur du bien-être public. En seulement quelques coups rapides, vendeurs et clients ont construit une confiance mutuelle, ce qui contribue à promouvoir le développement économique.
La Chine prend une nouvelle avance
Bien que la technologie des codes-barres bidimensionnels, qui constitue le noyau du paiement sans numéraire, ait été lancée dans les années 1990 et ait utilisée pour la première fois dans des pays développés comme le Japon et la Corée du Sud, la Chine est devenue le principal promoteur de cette méthode de transaction pratique.
« La position dominante de la Chine dans le domaine du paiement sans numéraire est liée à la part croissante du commerce mondial et à l'internationalisation du yuan, ainsi qu'au développement rapide des technologies de l'information et des infrastructures, tandis que la vitalité économique de la Chine est la cause principale », a précisé au Quotidien du Peuple Wan Zhe, économiste en chef à la Commission nationale du développement et de la réforme.
Selon M. Wan, l'économie en croissance de la Chine a influencé les règles de paiement mondiales, établissant une base solide pour la promotion du « paiement sans numéraire à la chinoise ». De plus, l'expansion des entreprises chinoises et l'importance croissante du yuan dans le commerce mondial garantissent au paiement sans liquide chinois qu'il bénéficiera d'un soutien.
Dans le même temps, les autorités chinoises ont fait des efforts pour épauler et réglementer les paiements sans numéraire afin de garantir un environnement commercial sain. La Banque populaire de Chine a en ce sens annoncé en décembre 2017 son intention de réglementer les paiements par code QR afin de contenir les risques liés à ce service populaire, notant que les institutions devraient également renforcer leur sécurité afin d'éviter les violations de données.
« Dans le passé, en raison du retard de la Chine dans le domaine des infrastructures financières et de communication, ce sont des pays étrangers qui ont introduit les cartes de crédit et les cartes bancaires. Mais avec le développement de notre niveau de vie et de nos technologies, la Chine a déjà pris la tête du paiement sans numéraire », a ajouté M. Wan.