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"L'économie chinoise ne devrait pas déboucher sur un atterrissage brutal", selon Christophe Blot, économiste à l'OFCE

Xinhua | 28.03.2017 08h40

"L'économie chinoise ne devrait pas déboucher sur un atterrissage brutal mais se traduire plutôt par un ralentissement maîtrisé" selon Christophe Blot, Directeur adjoint au Département analyse et prévision de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), Centre de recherche en économie de Sciences Po, lors d'une récente interview accordée à Xinhua.

Selon l'économiste français, si plusieurs éléments suscitent toujours des inquiétudes - l'impact du Brexit, la santé du système financier chinois, le risque d'éclatement de la zone euro - ils ne remettent pour autant pas en cause le scénario d'une croissance mondiale modérée. "La victoire de Donald Trump aux Etats-Unis et ses récentes déclarations au G20, pourraient se traduire par une remontée du protectionnisme et un ralentissement des échanges mondiaux dont l'impact sur la croissance mondiale est encore très incertain" a-t-il indiqué, estimant qu'en 2017-2018, l'économie mondiale devrait croître "à un rythme supérieur à 3%, une croissance légèrement supérieure à celle de 2015-2016".

Pour Christophe Blot, la Chine est désormais "un acteur essentiel de la croissance mondiale" : "de 2000 à 2014, l'économie chinoise a eu un rôle moteur. Le fait qu'aujourd' hui, le ralentissement de la croissance chinoise soit une source d'inquiétudes pour les émergents et les pays industrialisés est bien le signe de cette puissance économique chinoise" a-t-il expliqué.

"La profondeur du marché domestique chinois sera les atouts de sa croissance future. La question de la solidité du système financier pourrait cependant être un maillon faible de l'économie chinoise" selon l'économiste français.

Interrogé sur les rapports de force entre les principales monnaies, Christophe Blot estime que le dollar "reste la devise pivot du système monétaire international. Si l'euro joue aussi un rôle international, l'influence de la monnaie européenne reste moindre". Selon le spécialiste français, la montée en puissance de la Chine devrait amener "à renforcer la concertation entre ces banques centrales". "Les questions de taux de change sont importantes pour participer au rééquilibrage des comptes courants. La mutation en cours de l'économie chinoise contribue sans doute à atténuer le débat sur les déséquilibres courants respectifs des Etats-Unis et de la Chine. Lors du récent sommet du G20, c'est d'ailleurs la zone euro (l'Allemagne principalement) qui a fait l'objet des critiques du nouveau président américain" a-t-il indiqué.

L'expert juge probable que la question des taux de change revienne prochainement sur le devant de la scène : "si l'euro pourrait être la nouvelle des Etats-Unis, il n'est pas exclu que le yuan le redevienne".

"Une plus grande coopération des banques centrales et des politiques économiques est très certainement le meilleur moyen de réduire ces déséquilibres de façon ordonnée. L'attitude récente des Etats-Unis traduit cependant une position qui pourrait être moins conciliante dans les prochaines années réduisant les perspectives d'une plus forte coordination au profit de solutions plus mercantilistes" a-t-il ajouté.

Les économies émergentes représentent aujourd'hui plus de la moitié du PIB mondial, souligne Christophe Blot, il est par conséquent essentiel pour ces pays de contribuer à l'émergence de nouvelles institutions propres à répondre aux enjeux spécifiques des économies en développement explique-t-il. "Il s'agit de lieux de discussion, de concertation et de coordination des politiques économiques. Elles permettent également le financement de projets d'infrastructures qui sont des facteurs de croissance importants. Ces institutions ont donc un rôle à jouer pour améliorer la gouvernance économique à l'échelle régionale".

A l'échelle mondiale, les interactions entre économies développées et économies émergentes "se sont renforcées" estime l'expert français. "Par exemple, les décisions de politique monétaire aux Etats-Unis ont eu un impact significatif sur les flux de capitaux à destination ou en provenance des pays émergents. De même que la crainte d'un ralentissement brutal de la Chine en 2015 a provoqué une mini panique financière pendant l'été, inquiétant la Réserve fédérale. Des travaux récents mettent en avant l'existence d'un cycle de crédit mondial. Il est à cet égard essentiel d'améliorer la résilience des systèmes financiers" a précisé Christophe Blot.

Interrogé sur la pertinence actuelle des théories économiques traditionnelles, il explique que de nouvelles théories sont développées, des analyses empiriques permettent régulièrement "de valider" ces théories ou "de les remettre en cause" : "la crise financière mondiale a rappelé qu'il était essentiel de développer des instruments permettant de prévenir les crises et des réponses permettant d'en contenir les effets néfastes sur l'emploi et le bien-être des populations", analyse Christophe Blot.

Pour l'expert français, ce sont des travaux antérieurs à la crise financière qui alimentent les nombreuses analyses récentes, comme par exemple les travaux publiés par Hyman Minsky dans les années 1970 et 1980 "qui avaient reçu un écho assez faible jusque dans les années 2000 font aujourd'hui un retour en force" note Christophe Blot.

L'une des préoccupations actuelles des économistes porte "sur le risque d'une croissance qui serait durablement plus faible, ce que les économistes appellent stagnation séculaire" souligne-t-il, précisant que les développements récents de l'analyse économique visent à déterminer les sources de la stagnation et les moyens de sortir "de cette trappe" à faible croissance.

(Rédacteurs :Yishuang Liu, Guangqi CUI)
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