Dernière mise à jour à 17h06 le 29/08
Il y a une dizaine d'années, le coton était une source d'inquiétude pour Nurdinov Nizomidin, un agriculteur de 60 ans du sud du Kirghizistan. En effet, deux de ses trois fils avaient décidé de quitter leur champ de coton familial, qui n'était plus rentable, pour trouver de meilleurs emplois en ville. Mais aujourd'hui, la coopération agricole chinoise lui redonne enfin le sourire.
Dans les années 1980 et au début des années 1990, l'Asie centrale bénéficiait de l'aide des scientifiques de l'Union soviétique, ce qui lui permettait d'assurer près de 20% de la production mondiale de coton. Le district de Kara-Suu, d'où M. Nizomidin est originaire, cultivait cet "or blanc" depuis 3.000 ans et était alors connu pour sa production de coton, qui permettait à la population de bien vivre.
Mais après le départ des scientifiques, les technologies n'ont pas été renouvelées. Le poids de l'Asie centrale dans la production mondiale a plongé à 7% seulement, et la qualité du coton a également chuté. Dans le district de Kara-Suu, les usines de textile ont été fermées les unes après les autres. Les agriculteurs ont commencé à cultiver des céréales et les jeunes ont abandonné l'agriculture.
M. Nizomidin ne s'est pas encore fait à tous ces changements.
"Ce sont les agrotechniciens chinois qui sont venus au secours de mon rêve", a-t-il déclaré.
En 2003, une équipe d'experts chinois envoyée par l'Institut de recherche sur le coton de l'Académie chinoise des sciences agricoles (ACSA) est arrivée dans le district de Kara-Suu pour travailler avec les habitants locaux. Les experts chinois leur ont offert des graines chinoises et ont cherché des engrais et des pesticides adaptés au milieu.
Ces années d'efforts ont été récompensées. Le district de Kara-Suu a réussi à produire plus de 5 tonnes par hectare en 2014 et 2015, alors que la production n'avait jamais dépassé 3,3 tonnes sous l'Union soviétique.
De plus, la qualité du coton s'est grandement améliorée et les méthodes chinoises ont fortement réduit le gaspillage, a souligné un haut responsable d'une usine locale de transformation du coton.
"Nous faisons confiance aux scientifiques chinois et souhaitons qu'ils continuent à populariser leurs méthodes dans notre pays", a indiqué M. Nizomidin.
Sa vie a pris un nouveau tournant. M. Nizomidin gagne désormais environ 40.000 dollars par an, alors que le revenu annuel moyen dans le pays n'est que de 2.400 dollars.
Pourtant, les experts chinois qui ont aidé les agriculteurs kirghizes tels que M. Nizomidin rêvent de faire encore mieux. D'après eux, le climat du Kirghizistan et de l'Asie centrale dans son ensemble est similaire à celui de la région autonome ouïgoure du Xinjiang, dans l'ouest de la Chine. Par conséquent, il devrait être possible de s'inspirer de l'expérience du Xinjiang dans la culture du coton et de l'adapter aux conditions de l'Asie centrale pour aider la région à relancer son l'industrie cotonnière.
Le Kirghizistan peut devenir un partenaire important de la Chine en Asie centrale dans la coopération cotonnière, a estimé Li Jiayang, vice-ministre chinois de l'Agriculture et président de l'ACSA, lors de sa visite mercredi dans le district de Kara-Suu.
L'agriculture reste l'un des piliers de l'économie kirghize. La Chine et le Kirghizistan peuvent approfondir leur coopération agricole en mettant en place des centres de recherche et de démonstration communs, a ajouté M. Li.