Après trois ans de travaux, le Premier ministre français Manuel Valls et son homologue espagnol, Mariano Rajoy, ont inauguré vendredi une nouvelle ligne électrique souterraine à très haute tension reliant la ville française de Baixa dans les Pyrénées-Orientales, à Santa Llogaia espagnole en Catalogne.
"Cette interconnexion est un enjeu pour ce département et pour l'ensemble des réseaux français, espagnols et européens", a déclaré Manuel Valls lors de l'inauguration, ajoutant qu'il s'agissait d'une "étape essentielle de la transition énergétique".
Avec une mise en service prévue en juin 2015, cette ligne électrique s'étend sur 64,5 kilomètres à travers notamment un tunnel de 8,5 kilomètres creusé dans le massif pyrénéen. Le tracé est entièrement souterrain et suit les infrastructures existantes, comme l'autoroute AP-7 et la ligne à grande vitesse (LGV) entre Figueras et Perpignan. Cette nouvelle ligne permettra de doubler le niveau d'interconnexion entre la France et l'Espagne, qui passera de 1,4 GW à 2,8 GW, ce qui reste inférieur aux 10% minimum que recommande l'Union européenne, comme l'a indiqué le Réseau français de Transport d'Electricité (RTE) par communiqué.
L'investissement, environ 700 millions d'euros, est supporté à 50% par RTE et à 50% par REE (Red Eléctrica de Espana), via leur société commune Inelfe (INterconnexion Électrique France-Espagne). L'interconnexion a été déclarée "Projet d'intérêt européen" et est financée par l'Union européenne à hauteur de 225 millions d'euros maximum dans le cadre du programme EEPR (European Energy Program for Recovery). Il a également bénéficié d'un prêt de la Banque européenne d'investissement de 350 millions d'euros consenti à RTE et à REE.
Comme l'a indiqué Pierre Bonard, directeur général du RTE sur la radio publique française France Info, "c'est une économie d'à peu près 100 millions d'euros par an en France et en Espagne. Cette interconnexion va améliorer la sécurité d'approvisionnement, l'hiver en France et l'été en Espagne, et va permettre d'éviter d'émettre à peu près 1 million de tonnes de CO2 dans l'atmosphère chaque année".
Pierre Bonard a indiqué qu'à l'échelle européenne, les plans d'investissement pour des chantiers d'interconnexions s'élevaient à 150 milliards d'euros pour les 15 ans à venir, avec l'objectif d'allier transition énergétique et économie : "chaque euro dépensé dans ces interconnexions permet au consommateur d'économiser entre 3 et 5 euros sur la facture finale".