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Les « animateurs dégustateurs » offrent un festin visuel aux internautes

le Quotidien du Peuple en ligne | 08.06.2019 12h19

Un stimulant pour les ventes de produits alimentaires

Il y a environ cinq ans, une tendance s'est développée en Corée du Sud : les téléspectateurs regardaient des personnes de belle apparence manger en ligne. Le phénomène, surnommé « muk-bang » (« émissions de dégustation ») en coréen, est maintenant arrivé en Chine, où il attire un public croissant.

Selon une enquête menée par Alibaba, la société mère de Taobao, l'année dernière, 1,6 milliard de personnes ont regardé des émissions télévisées sur Taobao, le plus grand site de commerce électronique au monde, et des ventes de produits alimentaires sur la plate-forme ont quadruplé d'une année sur l'autre.

Taobao n'est toutefois pas la seule plate-forme à diffuser du « muk-bang », et il est devenu un élément majeur des géants des applications de vidéos courtes, tels que Douyin, Bilibili et Kuaishou.

Le sondage Alibaba a révélé que l’âge moyen des spectateurs était de 33 ans, dont 65% de femmes, et que la plupart regardaient les vidéos après 19 heures. Il a conclu que regarder du « muk-bang » pouvait stimuler l'appétit des téléspectateurs, et a souligné comment un mangeur en ligne anonyme a vendu 10 000 sachets de nouilles instantanées épicées dans les 10 minutes suivant une émission sur Taobao.

Une vie par procuration

Si de nombreux téléspectateurs ressentent le besoin de manger davantage, ceux qui suivent un régime « mangent » par procuration par le biais de leurs hôtes.

Yan Yuying, fin gourmet de Yushu, dans la province du Jilin (nord-est de la Chine), a déclaré que le fait que les jeunes présentateurs, hommes et femmes, restent minces malgré le fait qu'ils consomment en permanence de grandes quantités de nourriture est une merveille. Pour rester mince, elle ne mange chaque jour que trois morceaux de son plat préféré, du porc braisé à la sauce de soja.

Selon cette comptable, âgée de 30 ans, son travail est répétitif. Elle cherche donc du plaisir et des objectifs de sa vie après le travail. Une de ses ambitions est de devenir belle en perdant du poids.

« J'aime regarder les animateurs manger de gros morceaux de viande braisée, surtout quand je suis au régime et que j'ai faim. Cela me rassasie avec les présentateurs dans la vidéo. Cela ressemble à de l'auto-torture, mais ça marche », dit-elle.

Bien que Sun, un autre amateur qui exerce la profession d’écrivain, dîne toujours, elle saute généralement le dîner et mange aussi par procuration par le biais des animateurs en ligne.

« La plupart des animateurs discutent pendant qu'ils mangent. Ils décrivent le goût des aliments et expliquent les recettes et les ingrédients. C'est une expérience visuelle gratifiante, et c'est comme si j'appréciais aussi le repas », a-t-elle affirmé.

Des compagnons virtuels

À l'exception de quelques animateurs qui ne parlent pas mais tentent d'attirer un public par des bruits exagérés et des manières étranges à la table, la plupart discutent avec leur public tout en mangeant. Pour leurs fans, qui sont pour la plupart des introvertis, les animateurs sont plus que des idoles qui mangent ; ce sont des compagnons virtuels.

Wang Xiaoshan, ingénieur âgée de 30 ans à Beijing, passe une grande partie de ses temps libres à regarder du « muk-bang ». Cependant, elle ne s'ennuie jamais, car les animateurs communiquent via des commentaires en temps réel.

Cette mère célibataire vit seule dans la capitale, tandis que son fils habite chez ses grands-parents à Wuyuan, dans la province du Jiangxi. Mme Wang est une gourmande et elle achète toujours des plats à emporter dans l'entreprise virtuelle d'un mangeur en ligne le week-end.

« J'aime le malatang, un snack de viande et de légumes du Sichuan cuit dans un bouillon épicé. Mon émission préférée était celle où une jeune femme comparait les repas de deux marques célèbres de malatang en les grignotant. Son expression était impressionnante et amusante », a-t-elle déclaré.

Wang Xiaoshan est typique du type de spectateur qui cherche à dissiper son sentiment de solitude et à promouvoir la nostalgie. Après avoir réalisé que ce type de spectateur existe, les organisateurs ont inventé divers formats vidéo pour attirer plus d’adeptes.

Par exemple, Cao Ting a autorisé son jeune fils à figurer dans sa vidéo la plus récente. Elle a mangé devant la caméra, tandis que le petit garçon mangeait dans un coin du cadre à l'arrière-plan. Parfois, il sautait pour voler la vedette à sa mère et amuser les téléspectateurs.

Dans un autre format vidéo, une animatrice qui se fait appeler « grand-mère » et vit dans un village rural isolé commence toujours ses vidéos en cueillant des légumes frais dans son jardin. Ensuite, elle montre un montage d'elle-même en train de cuisiner des plats de ferme à l'ancienne avant de les manger dans une salle à l'ancienne.

Ensuite, il y a une jeune fille qui est décrite comme une agricultrice. Dans la première partie de ses vidéos, elle est toujours occupée par les travaux agricoles et a l'air extrêmement fatiguée. Dans la deuxième partie, quand elle rentre chez elle, sa première phrase est généralement « Maman, j'ai faim ». Sa mère prépare plus de 10 bols de viande et sa fille les mange tous.

Zhang Juan, une étudiante âgée de 22 ans, a déclaré qu'elle appréciait ce type de vidéo, car ces émissions de dégustation ont des intrigues simples. De plus, comme il y a beaucoup de vidéos courtes sur ce sujet, elle peut toujours en trouver une à regarder chaque fois qu'elle ouvre son téléphone.

Elle a confié être casanière et passer la plupart du temps à la bibliothèque. « Ça coûte trop d'argent de sortir avec des camarades de classe. Pendant mon temps libre, je n'aime pas regarder des séries télévisées, car chaque épisode prend trop de temps et les intrigues sont compliquées et sensationnalistes ».

« Chaque fois que j'ai du temps libre, j'aime regarder des vidéos de personnes mangeant des fruits de mer, ce qui me détend l'esprit et me permet de voir comment les gens vivent en dehors de l'école. Je sens que mon cœur est vide après avoir fermé mon téléphone », a-t-elle dit.

(Rédacteurs :Yishuang Liu, Gao Ke)
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