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Regards croisés: Un artiste français tente sa chance à Beijing

Xinhua | 11.08.2016 08h26
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Avec ses quartiers artistiques 798 et Song Zhuang, tous deux situés au nord de la ville, ses nombreuses galeries d'art, son festival d'art contemporain "Art Beijing", ses artistes de renommée internationale (Liu Bolin, Li Wei..), son Académie des Beaux-Arts, ses musées etc., Beijing est la ville idéale pour tout artiste souhaitant tenter l'aventure en Chine (même si le visa d'artiste n'existe pas encore dans le pays). La ville, avec ses quartiers aux multiples ambiances, est une source d'inspiration intarissable. C'était vraiment l'idée que je me faisais de Beijing avant mon arrivée en 2014, et cette image s'est révélée être vraie au fur et à mesure de mon installation dans la capitale chinoise.

Vous avez dit "art brut" ?

L'art brut est un art souvent perçu par le public comme mélancolique, mystérieux, fort, fascinant ou inquiétant. C'est un art qui me fascine depuis toujours et qui n'a cessé de m'inspirer. Le terme "art brut", utilisé pour la première fois par l'artiste français Jean Dubuffet en 1945, pour qualifier les oeuvres réalisées par des personnes n'ayant reçu aucune formation artistique, (souvent des personnes souffrant de troubles psychiatriques ou psychiques, et dont Dubuffet s'inspira dans son oeuvre), a connu ses lettres de noblesse dès la moitié du XXe siècle. A Paris, la Halle Saint-Pierre est le musée dédié à l'art brut et présente des expositions d'une grande qualité. Et l'art brut a également ses artistes en Chine, dont Fengyi Guo, originaire de la ville de Xi'an, qui a exposé à Paris. La ville de Nanjing possède aussi son musée de l'art brut (http://outsiderartchina.org). Ce mouvement artistique est donc totalement ancré dans l'histoire de l'art internationale.

Il était donc logique pour un artiste français autodidacte, dont l'esthétique des oeuvres se situe entre l'art brut et l'art singulier, de venir tenter sa chance à Beijing et de puiser son inspiration dans cette mégapole aux taxis jaunes, métros bleus, tuk-tuks rouges, petites maisons grises (hutongs) et qui compte plus de 20 millions d'habitants.

Recycler de vieux papiers

Depuis toujours je peins sur des vieux papiers, journaux, enveloppes, cartons, tickets de caisse, factures, boîtes en carton, cartes postales .. bref tout ce qui me passe par la main et que je peux trouver ici ou là. Les vieux papiers ont une histoire et c'est ce passé qui nourrit mes dessins. Et parfois, ce sont les articles des journaux sur lesquels je peins qui font écho au dessin. Je me rappelle d'un dessin réalisé cette année à Beijing sur une page du journal Le Monde. Il s'agit d'un personnage peint à l'encre noire, massif, et posé au centre de la feuille. Je n'avais pas prêté attention à l'article se trouvant sur la page, mais peu après, en revenant sur ce dessin, je me suis aperçu que le texte parlait de l'explosion de Tianjin. Ce personnage, avec cet article en fond, pris une toute autre dimension, dramatique cette fois. Parfois, les choses m'échappent et des "accidents" se créent sur le papier. J'ai une phrase que je dis souvent : "Je ne sais pas ce que je peins. Et, quand j'ai terminé un dessin, je ne sais toujours pas ce que j'ai peint ". Je me compare au calligraphe chinois, car je travaille dans l'urgence, sans préparation préalable, dans un geste énergique, rapide, proche de la transe ou de la méditation, en utilisant des pinceaux de calligraphie et de l'encre de Chine. Avec une technique traditionnelle, je fais de l'art contemporain, tout en recyclant de vieux papiers.

L'importance de se faire des amis

Je peux l'affirmer, être un artiste français à Beijing est vraiment passionnant, mais se faire connaître ici n'est pas chose facile. Depuis deux ans, j'ai envoyé des dizaines d'e-mails à des galeries d'art qui sont restés sans réponse, et tenté de tisser des liens avec des professionnels du secteur. Mais j'ai constaté qu'en Chine, il était important d'avoir un réseau d'amis et des relations. Aussi, il semblerait que ce soient les artistes chinois qui ont la cote aujourd'hui auprès des collectionneurs du monde entier. D'ailleurs, à ce sujet, un artiste français à Shanghai s'est fait passer récemment pour un artiste chinois, en signant ses oeuvres "Tao Hongjing". Il a ainsi réussi à doper ses ventes et faire grimper sa cote. J'ai pu constaté effectivement que lors du salon Art Beijing 2016, certains directeurs de galeries que j'ai rencontrés ne m'ont laissé que très peu de temps pour leur présenter mes dessins. Alors comment se faire un nom dans le milieu si fermé de l'art contemporain en Chine? Avec, une pleine page parue sur mon travail dans le magazine Bazaart Art China en janvier 2016, j'espère trouver un lieu pour exposer. Aujourd'hui, on me conseille de faire d'avantage de "buzz" pour attirer l'attention, et d'avoir une page Weibo (microblog chinois aux 50 millions d'utilisateurs). Pourquoi pas? Alors je ne désespère pas, et comme dit le proverbe français : "Tout arrive à point à qui sait attendre".

(Rédacteurs :Qian HE, Guangqi CUI)
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