Dernière mise à jour à 09h03 le 19/10
Un documentaire en trois épisodes diffusé cet été par la BBC a attiré une grande attention sur les différences d'éducation entre la Chine et le Royaume-Uni.
Ces différences culturelles, qui s'expliquent par leur situation géographique et le développement de leurs sociétés, n'empêchent pas les échanges culturels entre les deux pays. Au contraire, elles constituent des points forts, poussant les deux peuples à se rencontrer et à apprendre les uns des autres.
LE SYSTEME EDUCATIF DES DEUX PAYS
Dans sa série documentaire intitulée "Nos enfants sont-ils assez solides? L'école chinoise", la chaîne BBC a suivi pendant un mois une expérience éducative à l'école Bohunt à Liphook dans le Hampshire (sud de l'Angleterre), où 50 adolescents britanniques ont été éduqués par une équipe d'enseignants chinois avec des méthodes pédagogiques identiques à celles en Chine. Le but était de comparer les avantages et les inconvénients des deux systèmes.
Certains élèves britanniques se sont d'abord montrés désobéissants face à ce régime de longues journées et placé sous une stricte discipline. Mais en fin de compte, les méthodes d'enseignement chinoises ont donné de meilleurs résultats scolaires.
A l'évidence, ce projet a mis au jour les différences en matière de culture et de valeurs. Les réactions à ce documentaire ont montré qu'au lieu d'être obsédés par les différences, certains ont remarqué les mérites de chacun et commencé à réfléchir aux moyens d'apprendre les uns des autres.
"Une fois que le documentaire sera achevé, nous verrons ce que nous pourrons en tirer et je suis sûr que les enseignants chinois feront de même", a déclaré Neil Strowger, directeur de l'école Bohunt.
Il a surtout fait l'éloge de la façon dont les élèves en Chine montrent du respect à leurs enseignants, ajoutant qu'il s'agissait d'une chose que "nous devrions avoir dans le pays".
"Ce projet audacieux explore les différences non seulement dans les programmes et la façon d'enseigner, mais aussi culturelles. Le documentaire donne matière à réflexion et a lancé une discussion sur les méthodes d'enseignement au Royaume-Uni", a observé un porte-parole de la BBC.
Evoquant les méthodes chinoises, Chu Zhaohui, chercheur à l'Institut national des sciences de l'éducation, a déclaré à Xinhua que l'obéissance inconditionnelle qu'on exige souvent des élèves chinois n'est pas nécessairement un bon legs, car les jeunes d'aujourd'hui beaucoup sont plus conscients d'eux-mêmes et en quête de valeurs individuelles.
Sur Weibo, le site de microblog chinois, "Yunjuanyunshu" estime que la Chine et le Royaume-Uni sont très différents en termes de tradition et dans la réalité, il y a donc peu de raison pour qu'ils se copient les uns les autres, mais bien plus à apprendre les uns des autres.
Quand l'heure est venue de dire au revoir à leurs enseignants chinois, un certain nombre d'élèves, jadis désobéissants, ont versé quelques larmes.
"Ca a été l'une des plus étranges mais étonnantes expériences que nous ayons jamais eues. Je peux dire au nom de tous que nous ne l'oublierons jamais", a confié Rosie, l'une des élèves participant au programme.
MULTIPLIER LES ECHANGES CULTURELS
Le géant de la littérature anglaise William Shakespeare et la superstar du football David Beckham sont des noms très connus en Chine; les gens entendent beaucoup parler de l'élégant "tea time" anglais de l'après-midi; "english gentleman" est devenu un terme désignant un homme qui se comporte d'une manière polie et cultivée... En fait, de nombreux Chinois sont depuis longtemps fascinés par le charme de la culture anglaise.
J. K. Rowling et sa série de romans fantastiques "Harry Potter" sont très populaires en Chine, ainsi que les séries télévisées telles que "Downton Abbey" et "Sherlock", qui sont suivies par un grand nombre de téléspectateurs chinois.
Parallèlement, environ 150.000 étudiants chinois étudient au Royaume-Uni, et la Chine est devenue la première source d'étudiants étrangers au Royaume-Uni. Ils se spécialisent dans de nombreux domaines allant des sciences de pointe jusqu'à l'art et les bonnes performances des étudiants chinois sont largement reconnues au Royaume-Uni.
Alice Gast, présidente de l'Imperial College de Londres, a déclaré que son établissement comptait plus de 2.000 étudiants chinois, soit 14% des effectifs.
"Pratiquement chaque jour, je rencontre des étudiants chinois brillants, prêts à prendre des risques et à exercer leurs compétences intellectuelles pour résoudre des problèmes sociétaux. Ils aident à lutter contre les changements climatiques, à guérir des maladies et à créer de nouvelles opportunités de croissance économique. Je suis impatiente d'échanger des idées avec d'autres jeunes scientifiques chinois", a-t-elle déclaré à Xinhua dans une récente interview.
Elle a également indiqué que l'Imperial College entretenait une coopération étroite avec des universités et des entreprises chinoises, dont Huawei, la China South Railway (CSR), l'Université de Tsinghua et l'Université de Zhejiang.
"Nous voulons voir plus d'étudiants chinois au Royaume-Uni. Il n'y a aucune limite au nombre d'étudiants en provenance de Chine pouvant venir au Royaume-Uni", avait déclaré le ministre britannique des Finances, George Osborne, lors de sa visite en Chine début septembre.
D'autre part, la culture chinoise est également chaleureusement accueillie par les Britanniques. Il y a près de 30 Instituts Confucius et plus de 110 classes Confucius à travers le pays.
Ces dernières années, de plus en plus de Britanniques ont pris part à divers programmes organisés par l'Institut Confucius de Londres et l'Ecole des études orientales et africaines (SOAS) de l'Université de Londres.
Li E, directeur de l'Institut Confucius de Londres, l'un des premiers du genre à s'être établi dans le pays, a indiqué qu'un nombre croissant d'étudiants et de résidents sont venus suivre des cours tels que la calligraphie et la danse chinoises. Les "chinese corners", où l'on peut venir s'initier à la culture et à la langue chinoises, sont également très populaires, selon le directeur.
DE L'ANNEE EN OR A L'AGE D'OR
La troisième réunion du mécanisme d'échanges culturels de haut niveau sino-britannique a été organisée au Royaume-Uni le mois dernier.
Lors de sa rencontre avec la vice-Première ministre chinoise Liu Yandong, en marge de cet événement, le Premier ministre britannique David Cameron a déclaré que 2015 était une "année en or" pour le développement des relations sino-britanniques et que la prochaine visite du président chinois Xi Jinping ferait entrer ces relations bilatérales dans un "âge d'or".
La relation culturelle sino-britannique, partie importante de ces relations bilatérales, connaîtra sans aucun doute sa période dorée.
Cette année marque l'Année des échanges culturels Chine-Royaume-Uni, désignée par les deux gouvernements lors de la visite du Premier ministre chinois Li Keqiang au Royaume-Uni en juin 2014.
La première "Saison de la culture britannique en Chine", qui a donné le coup d'envoi de cette année culturelle, a été inaugurée par le prince William lors de sa première visite en Chine en mars. A cette occasion, il a peint les yeux d'une sculpture de Shaun le mouton, le héros d'une série d'animation britannique très populaire chez les enfants chinois.
Un festival britannique de la créativité et de l'innovation a également été organisé à Shanghai. Quelques mois plus tard, la saison de la culture chinoise a été lancée au Royaume-Uni avec la première d'une version en chinois de "Richard III", l'un des classiques de l'oeuvre de Shakespeare.
L'ambassadeur de Chine au Royaume-Uni, Liu Xiaoming, a souligné que cette version en chinois interprétée par des artistes du Théâtre national de Chine contenait des éléments culturels traditionnels chinois, avec l'intention de montrer au public britannique comment les Chinois comprenaient Shakespeare.
"C'est une excellente démonstration de la façon dont les cultures chinoise et britannique peuvent fonctionner ensemble dans cette pièce. C'est le meilleur cadeau que des artistes chinois pouvaient faire à l'occasion du 400e anniversaire (de la mort) du grand dramaturge l'an prochain", a-t-il estimé.
Le ministre britannique de la Culture Ed Vaizey a également noté que "Richard III" constituait un moment fort de l'Année des échanges culturels Chine-Royaume-Uni. Cette dernière représente pour lui une plateforme passionnante pour l'apprentissage mutuel et la coopération culturelle entre les deux pays.
De fait, les échanges culturels sino-britanniques sont allés au-delà des manifestations officielles, à tous niveaux.
Chargé de l'éducation au consulat général de Chine à Manchester, Wang Ying, et un professeur de l'Université de Manchester, Konstantin Novoselov, ont exposé ensemble des aquarelles chinoises à l'Université de Leeds le mois dernier. Les aquarelles traditionnelles de M. Wang dépeignaient les paysages et l'architecture britanniques, alors que M. Novoselov a peint des bambous, des orchidées et des fleurs de lotus.
Konstantin Novoselov est tombé amoureux de la peinture chinoise quand il était, il y a des années, chercheur invité à Xiamen, une ville côtière du sud-est de la Chine.
"Je pense que ce genre d'événement est très important. La culture chinoise est considérable, mais elle est très peu connue en Occident. Un grand nombre d'artistes chinois sont inconnus ici", a-t-il confié à Xinhua.
A l'Université de Cambridge, le Projet Cambridge Rivers, consacré à l'anthropologie, a connu son lot de manifestations culturelles chinoises ces dernières années, y compris le festival de poésie Xu Zhimo, un poète chinois renommé du début du XXe siècle également connu comme Hsu Chih-mo, et le lancement d'un musée numérique bilingue du kunqu, l'opéra chinois classique.
Le professeur Alan MacFarlane, patron du Projet Cambridge Rivers, se rend une fois par an en Chine depuis 2002. Il observe que bien que la Chine ait une histoire et une géographie très riches, ainsi qu'une économie et un environnement très divers, elle est complètement unifiée par la langue, l'histoire et la majorité ethnique han.
"La Chine est, en quelque sorte, la civilisation la plus facile à comprendre une fois que vous vous y attachez. Pour beaucoup d'étrangers, elle reste mystérieuse et ma tâche personnelle est d'essayer d'expliquer la Chine à l'Occident et l'Occident à la Chine," a-t-il résumé à Xinhua.
M. MacFarlane est convaincu que les échanges culturels sino-britanniques ont un grand potentiel. "Ca ne fait que commencer, mais ça va marcher", a-t-il estimé.