Dernière mise à jour à 09h04 le 27/09
Pour la première fois depuis le début de la pandémie de COVID-19, des responsables de Chine et de l'Union européenne (UE) se sont réunis lundi pour un dialogue économique et commercial de haut niveau, atteignant un certain nombre de "résultats mutuellement profitables" grâce à des entretiens "francs et pragmatiques".
Cette rencontre met en lumière la manière dont la deuxième économie mondiale et le bloc commercial européen s'efforcent de combler leurs divergences et de renforcer leur coopération dans un contexte de reprise économique mondiale ralentie.
De fait, la Chine et l'Europe entretiennent depuis longtemps une forte interdépendance économique. Au cours des 20 dernières années, le volume des échanges commerciaux entre la Chine et l'UE a été multiplié par neuf. Les investissements de l'UE en Chine ont presque triplé, et les investissements de la Chine dans l'UE sont passés de zéro à 104,4 milliards de dollars américains.
A contre-courant de la tendance mondiale à une reprise lente, le volume des échanges commerciaux bilatéraux entre la Chine et l'UE a atteint le niveau record de 847,3 milliards de dollars en 2022, soit une croissance annuelle de 2,4%. Cela représente en moyenne plus de 1,6 million de dollars d'échanges commerciaux par minute.
"Soit nous réussissons ensemble, soit nous échouons ensemble", a prévenu l'expert français en affaires internationales Bruno Guigue, décrivant les économies chinoise et européenne comme "extrêmement interdépendantes". Selon lui, les deux pays partagent un avenir commun caractérisé par une coopération mutuellement bénéfique dans des domaines où l'expertise de l'un peut être utile à l'autre.
A terme, la "coopération mutuellement profitable" produira forcément des résultats, d'autant plus que l'économie européenne se trouve de plus en plus entraînée dans une spirale d'inflation élevée et de demande faible. La Commission européenne a récemment abaissé ses prévisions de croissance économique pour l'UE en 2023, les faisant passer de 1 à 0,8%. Pour l'année 2024, ces prévisions sont passées de 1,7 à 1,4%.
C'est là que le marché chinois entre en jeu, un grand nombre d'entreprises européennes cherchant à étendre leur présence sur le premier marché mondial.
En avril, Volkswagen a ainsi annoncé un plan d'investissement d'une valeur d'un milliard d'euros (environ 1,05 milliard de dollars américains) pour créer en Chine un centre de recherche et développement sur les véhicules électriques intelligents connectés. Le fabricant espagnol de rectifieuses Danobat Group a créé cette année son sixième plus grand centre de découverte à Shanghai, accélérant ainsi son implantation en Chine. Pour s'adresser au marché chinois, le groupe Bosch, un équipementier automobile allemand, a également réalisé des investissements substantiels dans la construction d'un centre de recherche sur les véhicules électriques et la conduite autonome dans la ville chinoise de Suzhou.
De toute évidence, afin d'explorer de nouveaux marchés, un nombre croissant d'entreprises européennes "votent avec leurs pieds". A mesure que la Chine s'ouvre plus largement au monde et que son environnement commercial s'améliore, davantage de pays se joindront à elles. Un récent sondage commandé par le Conseil européen des relations étrangères révèle que l'opinion selon laquelle la Chine est un "partenaire nécessaire" de l'Europe prévaut dans presque tous les pays interrogés.
Il n'est pas pour autant nécessaire d'éluder les défis à venir. Il y a deux semaines, l'UE a annoncé une enquête antisubventions sur les véhicules électriques chinois, une enquête de nature protectionniste.
De telles actions reflètent davantage le retard pris par le secteur des véhicules électriques en Europe que celui de la Chine, et certains observateurs européens ont déjà exprimé leur inquiétude à ce sujet.
Concernant l'enquête, Ferdinand Dudenhoeffer, directeur du Centre de recherche automobile CAR de Duisburg en Allemagne, a déclaré : "Il existe un très grand risque... Nous avons besoin d'une coopération avec la Chine, pas d'une guerre commerciale. Ce serait un mauvais choix pour l'Allemagne, car l'Allemagne a beaucoup à perdre."
Au lieu de réduire systématiquement ses prétendues "dépendances" à l'égard de la Chine, l'UE devrait joindre le geste à la parole en affirmant qu'elle n'a pas l'intention de "réduire les risques". Tant que les deux parties continueront à gérer leurs différends par le dialogue et la consultation, un environnement de marché équitable, non discriminatoire et prévisible pourra être maintenu.
Après le commissaire européen au Commerce Valdis Dombrovskis, qui vient de coprésider lundi avec des responsables chinois le 10e Dialogue économique et commercial de haut niveau entre la Chine et l'UE, le commissaire européen à l'Energie Kadri Simson et le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell devraient se rendre prochainement en Chine.
Les échanges croissants entre les deux parties attestent clairement de leurs vastes intérêts communs, et montrent que la coopération reste la tendance dominante dans les relations bilatérales. Plus les bénéfices de la coopération sino-européenne seront importants, plus leurs entreprises et leurs citoyens seront dynamiques et plus l'économie mondiale se redressera rapidement.