Dernière mise à jour à 16h33 le 30/08
Selon des experts chinois, l'accusation selon laquelle la Chine serait réticente à partager des données brutes concernant les premiers jours de la pandémie de COVID-19 est infondée, car il semble y avoir des idées fausses parmi certains politiciens et médias étrangers concernant la définition et l'application des données brutes dans l'enquête scientifique.
Cette allégation a récemment été ravivée après que les médias américains ont rapporté qu'un rapport de renseignement américain classifié, commandé par le président américain Joe Biden en mai, ne s'est pas révélé concluant sur les origines de la pandémie de COVID-19 en raison d'un manque d'informations en provenance de Chine.
Des membres du personnel désinfectent l'entrée du site touristique du mont Tianmen en vue de sa réouverture à Zhangjiajie, dans la province du Hunan (centre de la Chine), le 26 août 2021. (Photo/Xinhua)
Certains politiciens et médias étrangers accusent depuis longtemps la Chine d'être muette sur les informations liées à la pandémie de COVID-19, en particulier au début de l'épidémie. Des questions sur la transparence des données ont également été soulevées lors de la conférence de presse de mars dernier par les experts chinois de la mission d'enquête sur les origines de la COVID-19 de l'Organisation mondiale de la santé en Chine.
Liang Wannian, chef d'équipe de la partie chinoise de l'équipe conjointe OMS-Chine qui étudie les origines de la COVID-19, estime que la spéculation selon laquelle la Chine n'aurait pas fourni de données brutes à l'équipe de recherche conjointe était infondée.
Premièrement, a déclaré M. Liang lors de la conférence de presse, les experts chinois ont travaillé en étroite collaboration avec leurs pairs étrangers lors de l'analyse des données et de la recherche au cours de la mission de l'OMS. « Il n'y a aucune différence entre les informations reçues par les experts chinois et étrangers », a-t-il souligné.
Deuxièmement, les données brutes ont tendance à être extrêmement lourdes et fragmentées, ce qui les rend difficiles à analyser. En conséquence, a-t-il précisé, les scientifiques chinois ont trié et réorganisé les données brutes et les ont rendues plus accessibles pour l'équipe de recherche conjointe afin de lui faire gagner un temps de recherche précieux.
« Transformer des données brutes en quelque chose qui peut être analysé est un processus ardu », a-t-il déclaré. « Vous ne pouvez pas vous attendre à ce que des experts arrivent sur les lieux et examinent chaque cas, chaque échantillon animal et chaque enregistrement précoce. C'est peu pratique et inutile pour la recherche scientifique ».
C'est pourquoi, a-t-il ajouté, il est crucial de fournir des données utilisables afin que l'équipe de recherche conjointe n'ait pas à passer au crible des centaines de milliers de documents lors de sa visite.
En ce qui concerne les données sur les 174 patients de la COVID-19 identifiés en Chine en décembre 2019, M. Liang a indiqué lors d'un point de presse le mois dernier que les données des patients avaient été affichées et partagées lors de la mission de l'OMS à Wuhan, capitale de la province du Hubei (centre de la Chine).
Cependant, la Chine a des lois et des réglementations qui protègent la confidentialité des patients, elle ne peut donc pas divulguer les données originales ou autoriser des scientifiques étrangers à faire des copies ou à prendre des photographies. « À l'époque, les experts internationaux ont déclaré qu'ils comprenaient parfaitement et croyaient qu'il s'agissait d'une pratique internationale, pas seulement en Chine », a-t-il noté.
Lors d'un autre point de presse le 13 août, M. Liang a déclaré que l'équipe de recherche conjointe Chine-OMS avait mené des analyses épidémiologiques approfondies et multidimensionnelles en utilisant des données sur 174 premiers patients de la COVID-19 au cours de leur mission, et les conclusions ont été reconnues par des experts des deux côtés.
Selon un épidémiologiste basé à Shanghai qui a requis l'anonymat, les demandes des politiciens étrangers pour des données brutes sur les premiers cas de COVID-19 en Chine et des informations pour répondre à l'hypothèse de fuite de laboratoire relèvent moins de la transparence des données que d'un "vote de défiance" envers les autorités chinoises et la communauté scientifique du pays.
« Les politiciens étrangers soupçonnent que les données organisées que nos chercheurs ont présentées avaient omis des informations critiques. Par conséquent, ils veulent avoir accès à toutes nos données brutes afin que leurs scientifiques puissent les parcourir et trouver des indices adaptés à leur récit », a déclaré l'expert.
Il a ajouté que la demande d'accès à toutes les données, telle que préconisée par l'OMS dans un communiqué ce mois-ci, est impraticable pour plusieurs raisons. Celles-ci incluent la traduction d'une quantité massive de documents hautement techniques, les barrières juridiques sur les informations personnelles et sensibles, l'évaluation de la qualité des entrées de données et la garantie de la sécurité des données.
« La plus grande préoccupation que j'ai est qu'aucune quantité de données brutes ne suffira à faire changer d'avis les politiciens et les théoriciens du complot déterminés à défendre l'hypothèse des fuites de laboratoire et à rejeter la responsabilité de la pandémie sur la Chine », a-t-il conclu.