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Le mouvement Travail-Etudes des Chinois en France a contribué à l'invention d'un parti communiste spécifique à la Chine, selon le maire de Montargis

Xinhua | 13.05.2021 08h25

Devant la gare ferroviaire de Montargis se dresse une sculpture massive représentant les jeunes Chinois qui, venus en France pour leurs études il y a un siècle, allaient par la suite devenir l'élite de la Chine nouvelle.

Ce monument "raconte l'histoire de ce mouvement et de ces jeunes, qui étaient les meilleurs élèves de leurs provinces respectives. Ils étaient l'élite intellectuelle de la Chine, et venaient en France pour chercher un moyen de faire progresser leur pays", explique Benoît Digeon, le maire de Montargis.

"Ils ont trouvé des idées dans la littérature occidentale, dans les oeuvres de Karl Marx, mais peut-être aussi au contact des habitants de Montargis et de la réalité des entreprises locales", ajoute-t-il.

En 1919, un certain nombre de jeunes intellectuels chinois se sont rendus par vagues en France, afin de découvrir de nouvelles idées et d'étudier des technologies scientifiques modernes, dans le but de bâtir une nation forte et indépendante.

Parmi eux figuraient plusieurs futurs héros du panthéon communiste chinois, comme Zhou Enlai, Deng Xiaoping, Cai Hesen et Chen Yi, ainsi que de nombreux autres pionniers en matière d'éducation, d'art, de culture ou de sciences et technologies.

Montargis a été l'un des principaux lieux de rassemblement de ces jeunes Chinois. Plusieurs centaines d'entre eux, dont Deng Xiaoping, Cai Hesen, Chen Yi, Li Fuchun et Cai Chang, y ont séjourné.

De fait, le bâtiment qui accueille la mairie de Montargis était auparavant le collège Gambetta, l'école même où ont jadis séjourné ces jeunes Chinois. Sur une étagère, derrière son bureau, M. Digeon conserve également un modèle réduit du monument commémorant le centenaire du mouvement Travail-Etudes chinois en France, qu'il a personnellement inauguré en 2019.

"C'est intéressant de voir les contributions qu'ils ont par la suite apportées à leur pays, alors qu'ils étaient si jeunes lorsqu'ils sont venus à Montargis... On dit que l'avenir appartient aux jeunes - alors faisons-leur confiance, car ils peuvent nous apporter le meilleur d'eux-mêmes", déclare-t-il.

A ses yeux, ces jeunes Chinois, après avoir découvert le communisme durant leurs séjour dans sa ville, ont ensuite oeuvré à "l'invention d'un parti communiste spécifique à la Chine".

"Ce n'était pas le même parti communiste qu'à Moscou ou à Paris. Aujourd'hui, chacun a pris une route différente. En Russie, c'est un peu terminé, tout comme en France. Mais en Chine, ce parti existe toujours", commente-t-il.

Des 100 années qui se sont écoulées depuis, M. Digeon retient "les mouvements qui ont éclaté entre 1930 et 1940, qui ont fait bouger les choses en Chine", ainsi que "l'époque de Mao Zedong, qui a complètement transformé le peuple chinois, et a mis le pays en marche".

"Maintenant, vous êtes l'une des premières économies au monde, et vous accomplirez sans doute encore beaucoup de choses. Mais de manière générale, le peuple a maintenant accès à des biens matériels auxquels il n'aurait pas eu accès si les choses étaient restées comme en 1900," ajoute-t-il.

L'histoire a également eu un profond impact sur l'amitié entre Montargis et la Chine, souligne le maire.

Dans les années 1970, il a commencé à prendre connaissance de cette histoire lorsque les traces des jeunes étudiants-travailleurs chinois ont été exhumée des archives, permettant à Montargis de "doucement renouer des liens avec la Chine".

"C'était comme de retrouver une partie de sa famille que l'on aurait perdue de vue. C'était formidable", se souvient M. Digeon.

Un sentiment partagé par son prédécesseur, M. Jean-Pierre Door. En 2014, à l'occasion du 50e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la France et la Chine et du 110e anniversaire de la naissance de Deng Xiaoping, l'ancien maire a donné le nom de "place Deng Xiaoping" à la place de la gare de Montargis.

Deng Xiaoping, un des plus jeunes étudiants-travailleurs chinois venus en France, a travaillé à Montargis au début des années 1920. Il était ouvrier dans l'usine de caoutchouc Hutchinson.

En 2016, l'ancien maire a pris part à l'inauguration du Musée historique de l'Amitié franco-chinoise, dans une vieille demeure du centre-ville où résidaient jadis les étudiants-travailleurs chinois.

C'est un musée "très important", affirme-t-il, car "c'est une trace qui subsistera lorsque nous ne serons plus là".

Les deux maires s'accordent à dire qu'il est essentiel de perpétuer l'histoire de la ville, surtout auprès des jeunes.

M. Door soutient ainsi l'Association de l'amitié Chine-Montargis, qui organise chaque année des cours de chinois au lycée, des festivités pour le Nouvel An chinois, ou encore des rencontres dans les domaines scientifiques, culturel, sportif et économique.

"Il ne faut pas négliger l'histoire. Il faut toujours la remettre en question, la revisiter, et y chercher de la sagesse", affirme-t-il.

M. Digeon espère pouvoir se rendre en Chine dès que la situation sanitaire le permettra. "Il y a une centaine de jeunes à Montargis qui apprennent en ce moment le chinois. Il faut qu'ils puissent trouver une utilité à cet apprentissage, et aller dans votre beau pays pour revenir en France avec des idées également novatrices", a déclaré M. Digeon à Xinhua.

(Rédacteurs :实习生2, Yishuang Liu)
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