Dernière mise à jour à 09h07 le 19/03
La prochaine réunion entre les plus hauts diplomates chinois et américains à Anchorage, dans l'Etat américain de l'Alaska, est "un point de départ" pour les deux pays afin de réinitialiser leurs liens bilatéraux qui sont "en lambeaux", a déclaré un ancien haut responsable américain.
"J'espère que cette rencontre, en jetant un regard dans le passé, aura été le premier pas sur le chemin vers une nouvelle relation équilibrée et constructive entre les Etats-Unis et la Chine, car il est certain que nos relations bilatérales sont en lambeaux, en mauvais état", a déclaré à Xinhua Daniel Russel, vice-président pour la sécurité internationale et la diplomatie à l'Asia Society Policy Institute, dans un récent entretien.
Yang Jiechi, membre du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois (PCC) et directeur du Bureau de la Commission des affaires étrangères du Comité central du PCC, ainsi que le conseiller d'Etat et ministre des Affaires étrangères chinois Wang Yi, rencontreront le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken et le conseiller à la sécurité nationale américain Jake Sullivan jeudi et vendredi à Anchorage, en Alaska.
Cette rencontre constitue "une occasion importante d'entamer une discussion stratégique sur les visions du monde respectives de chaque dirigeant ainsi que sur les priorités des deux gouvernements" et "une occasion pour chacun d'expliquer sa pensée tout en écoutant l'autre, de lui poser des questions", a estimé M. Russel, qui avait été secrétaire d'Etat adjoint aux affaires de l'Asie de l'Est et du Pacifique sous l'administration de l'ancien président américain Barack Obama.
Il y a toujours eu des éléments de coopération et de concurrence, et même de confrontation dans les relations entre les Etats-Unis et la Chine à des degrés divers, a-t-il reconnu, ajoutant toutefois : "Je ne pense pas que la partie confrontation ou même la concurrence aie jamais atteint les niveaux auxquels elles semblent se trouver actuellement, et la coopération n'a jamais été aussi difficile qu'aujourd'hui".
"Il est certain que les Etats-Unis et la Chine cherchent tous deux et bénéficieraient grandement des mêmes résultats (...). Il y a une longue liste de résultats qui seraient bénéfiques pour les deux parties, et cela se reflète dans les politiques des deux gouvernements, mais cela ne garantit pas la coopération", a-t-il indiqué, citant des problèmes mondiaux tels que le changement climatique et la prévention de la prolifération nucléaire.
"L'histoire prouve que les nations n'agissent pas toujours dans leur propre intérêt. De nombreux facteurs, économiques et politiques, sont à l'œuvre et peuvent fausser l'élaboration des politiques", a noté M. Russel, ajoutant "qu'il était sage de la part des deux parties de commencer notre engagement bilatéral (...) par une discussion ouverte mais privée, afin d'explorer la pensée de chaque partie".
Toutefois, cet expert a souligné qu'il est "plutôt improbable que les deux parties tentent, et encore moins réussissent, la résolution des nombreux problèmes en suspens. Ce n'est pas là que nous devons placer nos attentes pour cette réunion. Ce ne sera pas un échec s'ils ne parviennent pas à un accord (...). Je pense qu'elle constitue un point de départ".
En ce qui concerne le lieu de la réunion, M. Russel a témoigné du fait que, d'après son expérience, les rencontres avec des responsables étrangers en dehors de la capitale présentent certains avantages.
Cela permet au visiteur de "se concentrer exclusivement sur la réunion elle-même" et à l'hôte "de disposer de plus de temps et de moins de distraction", a-t-il dit.