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Un expert espagnol met en garde l'Europe contre le « piège américain » de l'interdiction de Huawei

le Quotidien du Peuple en ligne | 23.07.2020 16h09

Selon un expert espagnol, l'Europe doit résister aux pressions américaines visant à isoler la Chine et rester indépendante dans sa prise de décision face aux soi-disant problèmes de sécurité.

« Si les États-Unis veulent inclure l'Europe dans leur stratégie "anti-Chine" parce qu'ils ne veulent pas que quiconque menace leur hégémonie, l'Union européenne doit garder à l'esprit que la Chine n'est pas une menace pour sa sécurité », a déclaré Xulio Rios, directeur de l'Observatoire espagnol de la politique chinoise, dans une analyse intitulée « Huawei et le mantra de la sécurité ».

Une interdiction à l'encontre de Huawei entraînera une dépendance croissante des pays européens vis-à-vis de la technologie américaine, a déclaré M. Rios dans son article publié le 20 juillet, dépendance qu'il a qualifiée de « piège américain ». Selon l'expert espagnol, l'utilisation répétée de la sécurité nationale pour discréditer Huawei semble être une belle histoire, et « il semble qu'avec toute technologie où la Chine excelle, il y aura un problème de cette nature ».

Cependant, a-t-il souligné, « il n'y a aucune preuve, seulement des soupçons, même s'ils (du côté américain) devront rechercher intensément cette preuve ». La vérité derrière la pression exercée par les États-Unis sur leurs alliés pour bloquer Huawei, estime-t-il, est que « la technologie de Huawei est très compétitive et place la Chine en tête sur le marché » et menace la domination de Washington dans ces domaines.

« Le bilan des Etats-Unis en matière de répression de toute entreprise étrangère qui conteste son leadership technologique montre la force de leur pression. Mais nous parlons de politique commerciale et non de problèmes de sécurité », a-t-il ajouté, comparant l'interdiction de Huawei à l'acquisition de la société française Alstom.

En avril 2013, Frederic Pierucci, ancien cadre d'Alstom, a été arrêté à New York par les autorités américaines pour son rôle présumé dans une affaire de corruption impliquant Alstom en 2003-2004 en Indonésie. Un an plus tard, Alstom s'est vue demander de payer une énorme amende de 772 millions de dollars, qui a finalement conduit à l'acquisition partielle de la société française par General Electric, son principal rival et une société technologique géante basée aux États-Unis, bloquant par la même occasion une fusion potentielle entre Alstom et Shanghai Electric Company.

Les États-Unis ont utilisé une stratégie similaire contre Huawei en arrêtant la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou, au Canada, a déclaré Rios. "En reprenant Alstom, les États-Unis ont pris le contrôle de la maintenance de toutes les centrales nucléaires françaises ... Et presque personne n'a rien dit ..."

Xulio Rios a exhorté l'Union européenne à adhérer à son « autonomie stratégique » pour prendre des décisions indépendantes malgré les pressions américaines, en particulier après l'annonce par la Grande-Bretagne d'une interdiction de Huawei plus tôt cette semaine. « La décision de Londres aura de larges implications pour les relations avec Beijing. Il ne s'agit pas seulement des millions de livres de surcoût et du retard dans le lancement du réseau 5G, mais des dommages à la confiance mutuelle entre les deux parties », a-t-il souligné.

Selon l'expert, « la coopération économique de l'Europe avec la Chine est aussi vitale que la distanciation transatlantique et est le seul moyen de se renforcer si elle aspire à éviter le déclin ».

« La Chine a fait d'énormes investissements et développé des politiques audacieuses qui ont contribué de manière significative à ses progrès dans la recherche et le développement technologiques que nous assistons aujourd'hui », a-t-il poursuivi, notant que « la sécurité nationale est une priorité pour tout le monde, mais il n'y a aucune preuve pour soutenir une interdiction des équipements Huawei », soulignant l'interconnexion existante entre les entreprises et les marchés technologiques européens et chinois, tels que Nokia et Ericsson opérant en Chine et les laboratoires de cybersécurité de Huawei en Europe.

« Vaincre symboliquement Huawei équivaut peut-être à vaincre la Chine. Mais cela soumet aussi, une fois de plus, l'Europe », a-t-il conclu.

(Rédacteurs :Yishuang Liu, 孙晨晨)
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