Dernière mise à jour à 10h46 le 26/06
En tant que deux acteurs majeurs de la gouvernance mondiale, l'Europe et la Chine ont une responsabilité commune dans la rénovation du multilateralisme, a déclaré jeudi l'ancien Premier ministre français et président de la Fondation Prospective et Innovation, Jean-Pierre Raffarin, lors d'une interview accordée à Xinhua.
"Il est bon et utile que le dialogue entre l'Union européenne (UE) et la Chine soit ainsi institutionnalisé et qu'il se déroule régulièrement et au plus haut niveau", a estimé M. Raffarin, ajoutant que l'UE et la Chine avaient de nombreux et importants intérêts communs dont la paix et la sécurité, la protection de la planète, la relance de l'économie mondiale et la réponse aux dérives de l'unilateralisme.
"Nous avons aussi des sujets de négociations, comme par exemple la politique d'investissements dont nous devons discutés pour aboutir à des coopérations équilibrées. La discussion est la meilleure façon de surmonter les différences", a-t-il ajouté.
M. Raffarin a rappelé que la Chine et la France partageaient une conviction selon laquelle le monde d'aujourd'hui a plus besoin de coopération que de tensions.
"Le multilatéralisme est la seule vraie vision pacifique fondée sur le respect des uns et des autres. Il ne peut y avoir de paix sans dialogue", a-t-il souligné, ajoutant que la crise sanitaire "a montré, qu'en la matière, la coopération internationale était insuffisante et qu'elle devait être renforcée".
L'Organisation des Nations Unies fête son 75e anniversaire cette année. "Ce fut une construction lente et difficile qu'il ne faut pas déconstruire. En revanche, le monde a beaucoup changé en 75 ans et le multilateralisme doit évoluer pour tenir compte de ces changements. L'ONU comme les autres institutions multilatérales doivent renforcer leur légitimité en intégrant davantage les pays qui ont émergés notamment en Afrique et en Asie", a affirmé M. Raffarin.
"La rénovation multilatérale est la grande cause du moment", a martelé M. Raffarin, ajoutant : "la santé qui est la première préoccupation de la population mondiale doit occuper le premier rang de l'action multilatérale. Il faut donc renforcer et non affaiblir l'OMS".
"Certains de nos grands sujets ne sont pas sensibles aux frontières. C'est le cas des virus, des changements climatiques ou de grandes aspirations populaires comme la conscience de l'environnement", a fait savoir l'ancien Premier ministre français,
"En effet, la politique moderne doit conjuguer la vie des nations et le destin de l'humanité. La conviction qui réunit les partisans du multilateralisme, c'est que les nations défendent leurs intérêts sans les placer au dessus de tous les autres", a-t-il conclu.