Dernière mise à jour à 08h16 le 23/07
Le terme de "communauté de destin Chine-Afrique" est une expression à la mode pour décrire les relations sino-africaines actuelles. La popularité de ce terme repose sur les efforts incessants des dirigeants chinois et africains pour construire une telle communauté, notamment en approfondissant leur confiance politique mutuelle et en oeuvrant vers un développement commun.
De fait, le président chinois Xi Jinping se trouve actuellement en tournée au Sénégal, au Rwanda et en Afrique du Sud. Il se rendra également au 10ème Sommet des BRICS à Johannesbourg, et fera ensuite une brève escale à l'île Maurice.
Il s'agit de la quatrième visite de M. Xi en Afrique depuis qu'il est devenu le chef de l'Etat chinois en 2013.
De nombreux dirigeants africains, dont le président camerounais Paul Biya, le président namibien Hage Geingob et le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa se sont également rendus en Chine cette année.
La Chine et l'Afrique ont toujours entretenu d'étroits échanges à haut niveau, qui incarnent les liens fraternels les unissant, et exprimé leur détermination à promouvoir ensemble une coopération pragmatique mutuellement profitable.
DE FREQUENTES VISITES A HAUT NIVEAU
Klaus Schade, chercheur associé auprès de l'Association économique de Namibie, a déclaré que les fréquentes visites échangées par les délégations chinoises et africaines étaient la conséquence d'une longue amitié historique, une amitié qui se poursuit encore de nos jours.
Li Zhanshu, le plus haut législateur chinois, et Wang Yang, président du Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC), se sont ainsi récemment rendus en Afrique.
Wang Yi, conseiller d'Etat et ministre chinois des Affaires étrangères, a également effectué une tournée dans quatre pays d'Afrique en janvier dernier, dans le cadre d'une longue tradition. Depuis 28 ans, les chefs de la diplomatie chinoise ont toujours choisi l'Afrique pour leur premier voyage à l'étranger.
Dans une interview accordée à Xinhua, Netumbo Nandi-Ndaitwah, vice-Premier ministre et ministre des Relations internationales et de la Coopération de Namibie, a quant à lui déclaré que ces visites fréquentes étaient nécessaires, car elles permettaient de renforcer les liens entre les nations, et surtout entre les gouvernements.
"La dernière décennie a connu une nette augmentation de la fréquence des visites mutuelles entre responsables gouvernementaux de Chine et d'un grand nombre de pays d'Afrique. Cela montre à quel point les pays d'Afrique et la Chine prennent ces visites au sérieux", a déclaré Gerishon Ikiara, maître de conférence en économie internationale à l'Université de Nairobi.
M. Ikiara a expliqué que la fréquence et le niveau des interactions Afrique-Chine étaient un indicateur clair d'un important renforcement de leur désir mutuel d'améliorer et de diversifier les relations socio-économiques, diplomatiques et politiques entre la Chine et l'Afrique.
"Depuis de nombreuses années, l'économie chinoise se développe rapidement, contribuant à alimenter la croissance de nombreuses autres économies, notamment en Afrique", a quant à lui affirmé Tarah Shaanika, ancien PDG de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Namibie.
Saluant le partenariat de coopération stratégique global Chine-Afrique, il a déclaré que la Chine, en tant que deuxième économie et pays le plus peuplé du monde, représentait "un marché immense, que personne ne peut se permettre d'ignorer".
AU-DELA DU COMMERCE
Cette année marque le 40ème anniversaire de la réforme et de l'ouverture de la Chine. Les quatre dernières décennies ont été le théâtre non seulement d'un grand nombre d'accomplissements économiques en Chine, mais aussi d'un développement rapide des relations économiques et commerciales sino-africaines.
Le 12 juillet à Abuja, la capitale du Nigeria, un réseau de transport ferroviaire léger développé avec l'aide de la Chine est entré en service. Il s'agit du premier réseau de ce type en Afrique de l'Ouest, et le président nigérian Muhammadu Buhari l'a qualifié de véritable tournant dans l'histoire de son pays.
"J'ai bon espoir de voir ce service ferroviaire moderne injecter un nouvel élan à l'économie du Territoire fédéral de la capitale (où se trouve Abuja), et améliorer de manière sensible nos conditions de vie", a-t-il déclaré.
Au cours des dernières années, ce genre de projets d'infrastructures réalisés par des entreprises chinoises se sont multipliés en Afrique, et sont devenus des symboles de la solidité des relations économiques sino-africaines. Ils comprennent notamment la voie ferrée à écartement standard Nairobi-Mombasa au Kenya, ou encore la voie ferrée Ethiopie-Djibouti.
Thomas Kwesi Quartey, vice-président de la Commission de l'Union africaine (CUA), a déclaré que l'Afrique et la Chine avaient noué une coopération étroite et pragmatique dans le plus pur esprit de la coopération Sud-Sud, et ce dans des domaines aussi variés que la santé, l'éducation, le développement des infrastructures, le commerce et le renforcement des capacités.
"La Chine reste pour nous un exemple ... Elle a prouvé qu'elle était capable de sortir des millions de gens de la pauvreté", a-t-il indiqué.
Une étude publiée l'année dernière par Ernst & Young, une transnationale de services aux entreprises, a révélé que la Chine était devenue la plus importante contributrice d'investissements étrangers directs en Afrique en 2016.
De 2005 à 2016, la Chine a investi dans 293 projets d'investissements directs étrangers en Afrique, pour un total de 66,4 milliards de dollars, conduisant à la création de 130.750 emplois.
Des données fournies par le département des affaires africaines du ministère chinois des Affaires étrangères ont en outre montré que le volume du commerce Chine-Afrique avait été multiplié par 200, passant d'à peine 765 millions de dollars en 1978, à 170 milliards de dollars en 2017. La Chine maintient par ailleurs sa position de premier partenaire commercial de l'Afrique depuis huit années consécutives.
Les investissements chinois cumulés en Afrique sont quant à eux passés de zéro à 110 milliards de dollars au cours des 40 dernières années.
Sur les questions régionales et internationales, la Chine et l'Afrique entretiennent aussi une coordination étroite. Sur les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, c'est la Chine qui fournit la plus importante contribution aux forces de maintien de la paix en Afrique, avec plus de 2.000 soldats chinois déployés dans diverses missions à travers le continent.
DES RELATIONS TRES SPECIALES
Au cours de sa visite en Afrique en 2013, le président Xi a souligné dans un discours prononcé en Tanzanie que la Chine et l'Afrique formaient une communauté tournée vers un avenir partagé. Une histoire similaire, des chantiers de développement communs et des intérêts stratégiques partagés ont contribué à créer un lien étroit entre les deux parties, a-t-il indiqué.
M. Ikiara, de l'Université de Nairobi, a de fait souligné que depuis les années 1960, époque où la majorité des pays africains ont obtenu leur indépendance, la Chine a toujours été considérée comme investie de liens très particuliers avec l'Afrique. L'idée d'une communauté de destin a ainsi toujours été une des "particularités clé" des relations sino-africaines de l'ère post-indépendance, a-t-il souligné.
Raphael Tuju, secrétaire général du Parti du Jubilé, le parti au pouvoir au Kenya, a quant à lui déclaré que la Chine avait su conquérir les coeurs et les esprits des Africains, notamment en offrant des prêts et des aides au continent pour lui permettre de développer ses infrastructures, un domaine qui reste l'un des principaux défis du développement africain.
"La plupart des pays d'Afrique souhaitent faire partie du partenariat de coopération stratégique global entre la Chine et l'Afrique. C'est un indicateur clair de la valeur qu'ils accordent aux relations sino-africaines, et de leur détermination à mettre en place un partenariat stratégique à long terme", a expliqué M. Tuju.
Au mois de septembre prochain, la Chine accueillera un sommet du Forum sur la coopération Chine-Afrique (FOCAC) à Beijing. M. Quartey, de la CUA, a indiqué que ce sommet était un vecteur de coopération bilatérale, multilatérale et continentale.
"Ce sommet va nous rapprocher. Les pays africains ont encore beaucoup à apprendre de la Chine, et l'Afrique a beaucoup à offrir aux Chinois. Ce sommet permettra de renforcer la confiance mutuelle que nous nous portons", a indiqué le vice-Premier ministre de Namibie, M. Nandi-Ndaitwah.