Dernière mise à jour à 16h35 le 19/10
Avec le développement rapide des relations économiques sino-britanniques, commercer avec la Chine ne sera pas différent de commercer avec l'Allemagne ou la France, estime Gerry Grimstone, patron de Standard Life, groupe de services financiers et de gestion d'actifs basé en Ecosse.
Dans un entretien à l'agence Xinhua, M. Grimstone salue les résultats de la croissance économique chinoise et les relations fructueuses entre la Chine et le Royaume-Uni. Pour lui, cette "année dorée" pour les relations bilatérales trouve ses fondements dans le développement consistant de ces relations ces dernières années.
PAS DE DIFFERENCE
"Nous sommes le pays d'Occident le plus ouvert aux investissements chinois et les investisseurs chinois voient beaucoup d'opportunités chez nous. Londres est l'un des marchés offshore du renminbi (RBM, monnaie chinoise) les plus dynamiques et les plus importants", estime l'homme d'affaires qui s'est rendu plus de 200 fois en Chine depuis 1992.
En septembre dernier encore, M. Grimstone était en Chine au sein de la délégation britannique menée par le ministre britannique des Finances George Osborne. Ravi de voir le développement de la devise chinoise et les réformes financières du pays, il rappelle qu'on "a souvent parlé par le passé de l'internationalisation du renminbi, mais cette devise est désormais maintenant internationale : le volume des échanges internationaux en RMB augmente chaque mois".
Pour lui, la prochaine grande étape pour le commerce extérieur chinois sera l'internationalisation de son portefeuille d'investissements, rappelant à cette occasion que le Royaume-Uni représente une bonne destination pour les investissements chinois.
Outre la collaboration sino-britannique dans le secteur financier, Gerry Brimstone pense qu'on peut surtout s'attendre dans un avenir proche à des investissements chinois dans les infrastructures britanniques, citant les centrales nucléaires, les lignes à grande vitesse (LGV) et l'immobilier.
UNE ANNÉE DORÉE
En tant que témoin de nombreux événements historiques des relations sino-britanniques, M. Grimstone indique que l'"année dorée" actuelle est l'aboutissement d'un processus.
"Je ne pense pas que ce moment survienne par hasard, je pense que c'est l'aboutissement d'une tendance qui croît depuis des années et qui a commencé en 1997, date de la rétrocession réussie de Hong Kong à la Chine. Je pense que c'est l'année 1997 qui a marqué le début d'une nouvelle relation entre le Royaume-Uni et la Chine", explique-t-il.
Rappelant toutes les visites de Premiers ministres britanniques depuis 1997, auxquelles il a participé, M. Grimstone note que la réalisation la plus visible dans le secteur financier au cours des cinq dernières années est l'internationalisation du renminbi et l'émergence d'un grand marché offshore du renminbi à Londres, qui ont offert des "opportunités pratiques" fondées sur "la base de relations cordiales".
"Sans l'internalisation du renminbi, il n'y aurait pas eu d'afflux d'investissements entre la Chine et le Royaume-Uni", souligne-t-il.
DES PERSPECTIVES INTACTES
Lors de cet entretien, M. Grimstone redit sa confiance dans les perspectives économiques à long terme de la Chine et dans les réformes qu'elle mène.
"Il ne sera jamais bon ni possible pour l'économie chinoise de continuer à croître au rythme qu'elle a connu et ce serait même instable pour elle si elle devait continuer à croître aussi rapidement", analyse-t-il, ajoutant que le rééquilibrage de l'économie chinoise vers une croissance annuelle de 6% ou 7% est une mesure nécessaire et raisonnable.
De toute façon, "l'économie chinoise elle-même a tellement grandi. Le niveau d'activités qu'elle a pu générer avec un taux de 6% ou 7% est assurément élevé", rappelle-t-il.
M. Grimstone relève par ailleurs deux "caractéristiques particulières" du développement chinois, à savoir le rôle du Parti communiste et la nature du peuple chinois.
"Les Chinois sont tournés vers la famille. Ils travaillent dur et ont un grand sens de la responsabilité sociale. Je pense que ces caractéristiques demeureront, même lorsque la Chine aura une économie beaucoup plus développée", pense Gerry Grimstone qui estime que d'ici 2049, la Chine aura toutes les apparences d'une économie occidentale entièrement développée, mais, sous la surface, elle sera toujours la Chine.
"Je pense que la Chine sera presque certainement la nation la plus puissante au monde d'ici 2049; elle sera une grande puissance économique. J'espère qu'elle sera une force de stabilité et de paix dans le monde; elle utilisera le commerce international pour créer la prospérité pour son peuple et les peuples des autres pays", souhaite le chef de Standard Life.
UN PAYS TOURNE VERS LES REFORMES
M. Grimstone se dit optimiste quant au développement crucial des réformes que la Chine entreprend à l'heure actuelle, telles que les zones de libre-échange, l'initiative "la Ceinture et la Route" et la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (BAII).
Selon lui, le but expérimental que suivent les zones de libre-échange en Chine est vital, car ce sont des laboratoires vivants où des réformes économiques peuvent être testées afin de voir si elles peuvent être généralisées à l'ensemble du pays.
"Je travaille avec trois des quatre zones de libre-échange que sont Shanghai, Guangdong et Tianjin. Chacune d'elles a ses caractéristiques et chacun d'elles travaille avec le Royaume-Uni pour identifier les domaines où les idées des professionnels peuvent aider les décideurs politiques à développer des activités", dit-il.
L'initiative "la Ceinture et la Route" ainsi que la BAII sont des "idées extraordinaires" qui ouvrent en grand le réseau commercial à tous les pays du monde. Dans ce cadre, le Royaume-Uni peut jouer un rôle majeur en matière de financement, de services professionnels et dans divers domaines d'expertise, souligne M. Grimstone.
En comparant l'initiative "la Ceinture et la Route" au plan Marshall visant à revitaliser l'Europe de l'après-guerre, M. Grimstone rappelle que l'initiative chinoise a été créée dans un environnement économique beaucoup plus favorable et qu'elle bénéficiera non seulement à la Chine mais aussi à tous les pays participants.
La beauté de cette initiative est "que ce n'est pas un plan égoïste, comme a pu l'être le plan Marshall. C'est un plan que la Chine veut donner au reste du monde, même si, bien sûr, la Chine a ses propres intérêts. Et le Royaume-Uni veut en faire partie", conclut-il.