Par Lu Ya'nan
La Fête des Lanternes est terminée, mais Chen Yuqiu, originaire du Guizhou, n'est pas retourné dans son usine de fabrication de sacs de Foshan, dans le Guangdong. « Avant la Fête du Printemps, le patron nous a avoué que son entreprise avait des difficultés, et que l'usine ne rouvrirait plus ». Chen a décidé de rester à Guiyang pour tenter sa chance, « les usines ne tournent pas bien, beaucoup de villageois sont aussi rentrés chez eux ».
La situation de Chen Yuqiu est un peu comme celle de l'économie chinoise, en miniature : il est entré dans une période de nouvelle normalité. Le changement de taux de croissance est considéré comme la caractéristique la plus marquante de la nouvelle normalité de l'économie.
Le 11 mars, les données du Bureau national des statistiques ont montré que lors des deux premiers mois de cette année, l'économie nationale a poursuivi sur la tendance qu'elle connait depuis le quatrième trimestre de l'année dernière, marquée par une pression à la baisse. En janvier et février de cette année, la consommation d'électricité industrielle n'a augmenté que de 1,6%, soit 1,1 points de pourcentage de moins que le taux global de croissance de l'utilisation d'électricité ; et l'augmentation réelle de la valeur industrielle ajoutée hors échelle s'est montée à 6,8%, en baisse de 1,1 point de pourcentage par rapport aux chiffres de décembre 2014, son plus bas niveau depuis 2010.
Pour de nombreux gouvernements locaux, la poursuite du ralentissement de la croissance économique est en quelque sorte le « virage de l'angoisse ». Liu Shijin, Vice-directeur du Centre de recherche sur le développement, un groupe de réflexion du Conseil des Affaires de l'Etat, estime que « actuellement, s'agissant de la croissance économique, il y a une illusion des chiffres ». Le taux de croissance réel d'aujourd'hui est inferieur de plusieurs points de pourcentage au taux de croissance à deux chiffres de la dernière décennie, ce qui suscite chez beaucoup de gens de l'anxiété, et même de la panique, au sujet des perspectives économiques de la Chine, mais ce que ces personnes ignorent, c'est que la base économique de la Chine s'est agrandie, et que le ralentissement du rythme de croissance est dicté par les lois de l'économie.
« En 2015, une croissance économique de 2-3 points de pourcentage en Chine équivaut à une augmentation de 10 points de pourcentage en 2000. Donc, même si le taux de croissance a diminué, chaque point de pourcentage est plus important que précédemment », a déclaré Liu Shijin.
« Nous ne pouvons pas ne pas avoir de PIB, parce que le PIB est directement lié aux revenus, il est aussi lié à l'amélioration du niveau de vie des gens ». Li Zaiyong, Secrétaire du Comité municipal du Parti de la ville de Liupanshui, dans la province du Guizhou a déclaré que chaque augmentation d'un point de pourcentage du PIB à Liupanshui équivaut à une valeur de production de 10 milliards de Yuans, et que cela fait des revenus d'environ 900 millions de Yuans. Et il y a des dépenses liées à l'éducation, aux soins de santé, aux transports publics et d'autres aspects. « Mais nous ne pouvons pas nous focaliser sur ‘le PIB et rien d'autre' ; si nous évaluons tout simplement le développement en fonction de la croissance économique, ce n'est pas scientifique, ce n'est pas durable. Il faut se conformer à la nouvelle normalité économique, tenir compte de l'évolution globale des différents aspects sociaux, économiques, culturels, politiques et écologiques, et s'efforcer de poursuivre l'objectif d'un PIB à faible teneur en carbone, vert, durable et de haute qualité. De cette façon, nous pourrons voir naitre un nouvel espoir au cœur de l'inquiétude ».
S'agissant de trouver un nouvel emploi, Chen Yuqiu n'est pas inquiet : « les restaurants, les salons de coiffure, les services d'entretien, le nettoyage… énormément de secteurs recrutent des gens, plus besoin de regarder vers les usines ».
« De profonds changements ont lieu dans les différences d'ajustement de la structure économique, et les facteurs positifs soutenant une croissance économique stable se multiplient. Nous n'avons plus à être obsédés par la vitesse ». Selon Ma Jiantang, Directeur du Bureau national des statistiques, lors des deux premiers mois de cette année, l'indice du secteur des services de production a augmenté de 7,4%, soit 0,6 points de pourcentage de plus que la valeur ajoutée de même échelle du secteur de l'industrie sur la même période, en particulier les ventes au détail de biens et de services en ligne, qui ont augmenté de 44,6% ; on constate un fort élan de la consommation dans l'Internet, les industries culturelles et autres secteur. « La nouvelle forme de l'économie chinoise, orientée sur le marché, est en train de prendre forme, de nouveaux formats apparaissent, il y a clairement un nouvel élan, le changement du moteur du développement économique apparait clairement ».
(Le Quotidien du Peuple)