Des experts italiens ont appelé mardi à une coopération accrue avec la Chine en profitant de l'occasion de la visite officielle du Premier ministre chinois Li Keqiang en Italie.
Lors de la visite, les entreprises chinoises et italiennes ont signé des accords pour une valeur de huit milliards d'euros (dix milliards de dollars), ce qui reflète une fois de plus, selon les experts, l'intérêt de la Chine pour l'Italie.
DES ACCORDS SIGNES
Airaldo Piva, directeur général du Hengdian Group Europe basé à Milan, a déclaré que les accords signés lors des précédentes visites entre la Chine et l'Italie sont importants, soulignant qu'il s'agit d'"un point de départ" plutôt que d'"un point final".
Faisant ressortir la transformation profonde que connaît la Chine, M. Piva a déclaré que la classe moyenne en Chine "ne cesse de s'agrandir et de créer de nouveaux pouvoirs d'achat que les entreprises italiennes devraient s'efforcer d'utiliser".
La protection de l'environnement, un dossier d'actualité en Chine, pourrait devenir une force motrice de la nouvelle coopération bilatérale, a-t-il noté.
"L'Italie, qui a vraiment de quoi offrir en plus de ses liens culturels étroits avec la Chine, devrait en faire davantage pour attirer les énormes afflux de touristes chinois qui voyagent dans le monde", a-t-il relevé.
Le système de production de l'Italie est essentiellement basé sur les petites et moyennes entreprises (PME). De l'avis de M. Piva, il serait préférable pour l'Italie d'encourager les entreprises de taille moyenne à investir sur le marché chinois.
DES RELATIONS ECONOMIQUES SOUS-DIMENSIONNEES
Les relations économiques sino-italiennes sont sous-dimensionnées en terme de potentiel économique des deux pays, a déclaré Carlo Filippini, professeur en économie et directeur du Centre d'études économiques et sociales de l'Asie de l'Est à l'Université Bocconi de Milan.
"Moins de 1% du total des exportations de l'Italie, par exemple, est destiné à la Chine. Les investissements directs étrangers (IDE) d'Italie en Chine sont tout aussi relativement faibles", a-t-il fait remarquer, avant d'ajouter que l'Italie présentait des déficits commerciaux avec la Chine.
"Au cours des dernières années, l'intérêt de la Chine en Italie a visiblement augmenté. Ces derniers mois, il y a eu de nombreux reportages sur les investissements de la Chine dans les services publics italiens, tout comme les investissements des entreprises chinoises dans les entreprises de fabrication italiennes", a fait savoir M. Filippini.
Pourquoi est-il difficile de faire valoir les nombreuses opportunités potentielles que présente la Chine ? Les raisons sont assez simples : "l'Italie ne dispose que de quelques grandes entreprises. Les petites entreprises manquent souvent de technologie vraiment sophistiquée ou de forte capacité financière, ce qui rend l'internationalisation plutôt difficile", a estimé cet expert.
Un autre défi majeur réside, a ajouté le professeur, dans la protection des droits de propriété, qui, malgré des efforts notables déployés par la Chine à cet égard, reste encore "un sujet très délicat dans le dialogue de l'Italie avec la Chine".
VERS UN MEILLEUR CLIMAT D'INVESTISSEMENT
Alessia Pastori, avocate et co-directrice du bureau chinois du Gianni Origoni Grippo Cappelli & Partners basé à Milan, a mis l'accent sur la nécessité d'un meilleur cadre juridique en Italie.
Mme Pastori, qui a collaboré pendant près de dix ans avec des entreprises chinoises, souhaite que l'Italie puisse construire un meilleur climat d'investissement pour "s'assurer que les accords bilatéraux ne restent pas lettre morte, mais se transforment en opérations commerciales réussies".
"Nous observons d'énormes potentiels et opportunités pour l'Italie à partir des flux de capitaux de la Chine, qui, malheureusement, ne sont pas suffisamment pris en compte ni exploités sous le système italien peu efficace", a jugé cette avocate.
"Une simplification réglementaire et fiscale constitue la meilleure approche pour surmonter ces problèmes", a-t-elle indiqué, faisant état du niveau élevé des taxes et des frais de notaire en Italie, ce qui explique pourquoi de nombreux investisseurs chinois ont tendance à choisir d'autres pays européens comme lieu d'investissement.
"J'ai récemment observé un intérêt accru de la Chine envers l'Italie et une demande plus concrète des investisseurs chinois. Mais malheureusement, je ne peux pas voir la même amélioration dans l'attitude italienne", a déploré Mme Pastori.
"L'Italie devrait faire un plus grand effort pour saisir l'élan de la Chine", a-t-elle souligné.