La Chine et Cuba, deux amis traditionnels liés par des visions et des croyances homogènes, cherchent à raffermir leurs liens, tandis que La Havane se livre à une restructuration de son économie, placée sous le joug de l'embargo américain vieux d'un demi-centenaire.
Le président chinois Xi Jinping est attendu à Cuba, la dernière étape de sa tournée en Amérique latine, qui l'a déjà conduit au Brésil, en Argentine et au Venezuela. Il aura un entretien avec son homologue cubain Raul Castro.
En 1960, Cuba est devenu le premier pays de l'hémisphère occidental à avoir établi des relations diplomatiques avec la nouvelle Chine, ouvrant un nouveau chapitre pour les relations de la Chine avec Cuba et l'Amérique latine.
Depuis lors, les relations sino-cubaines ont résisté à l'épreuve du temps, marquée par un paysage international en constante évolution.
Egalement dans les années 1960, les Etats-Unis, qui étaient alors l'une des deux superpuissances mondiales, ont imposé des sanctions économiques à Cuba suite au rapprochement de ce dernier avec l'Union soviétique, l'autre superpuissance de l'époque. Ainsi, La Havane est placée dans une position géopolitique délicate.
Au fur et à mesure que le monde devient de plus en plus multipolaire, et que la paix et le développement émergent comme des facteurs directeurs des relations interétatiques, la coopération sino-cubaine, dominée jadis par la politique, est transformée en un partenariat orienté vers l'économie.
La Chine demeure un investisseur étranger majeur pour Cuba, surtout après le déclenchement de la crise financière en 2012 qui a déstabilisé autant les pays développés que les pays en voie de développement.
En outre, la Chine a accordé de l'assistance et des prêts sans intérêt à Cuba dans le cadre de la coopération économique et technologique, et a entrepris plusieurs projets d'infrastructure de grande envergure dans le pays.
Depuis des années, la Chine reste le deuxième partenaire commercial de Cuba, tandis que celui-ci est le premier partenaire de la Chine dans la région des Caraïbes, avec un volume d'échanges commerciaux bilatéraux atteignant près de deux milliards de dollars chaque année.
Actuellement, le pays insulaire reste toujours confronté à d'âpres défis socio-économiques, qui s'expliquent en grande partie par le refus de Washington de lever son embargo vieux de plusieurs décennies. Ces sanctions, caduques et irrationnelles, n'ont rien apporté d'autre que des souffrances à quelque onze millions de Cubains.
Contre vents et marées, le gouvernement cubain a entamé ces dernières années une série de réformes économiques visant à revitaliser son économie stagnante, en encourageant ses entreprises et levant des restrictions dans des domaines comme le tourisme et l'agriculture.
L'élan de réforme de la Havane crée de nouvelles opportunités pour approfondir sa coopération avec la Chine, et d'autres grandes économies du monde, les Etats-Unis en particulier, devraient eux aussi tenir compte de ces évolutions et repenser, de manière sérieuse, à leur politique envers Cuba.
Pour cela, Washington devrait d'abord lever ses sanctions, puis rejoindre la Chine et d'autres pays pour devenir un partenaire constructif de Cuba, et ce au profit non seulement de ce pays des Caraïbes, mais aussi des Etats-Unis eux-mêmes.