Dernière mise à jour à 09h13 le 16/12
Le report de l'examen du dossier tunisien auprès du Fonds monétaire international (FMI) a suscité certaines réactions émanant d'experts économiques tunisiens qui qualifient cette décision d'indicateur "négatif" qui pourrait peser lourdement sur les équilibres financiers du pays lorsqu'il s'apprête à mettre sur les rails son budget d'Etat pour le nouvel exercice.
En effet, "cette déprogrammation annoncée officieusement, à travers la modification de l'ordre du jour par le FMI prend la forme de rejet probable", a commenté l'économiste tunisien Ezzeddine Saidane.
Dans une première réaction, sur sa page Facebook, M. Saidane a expliqué qu'à travers cette décision, le FMI "manifeste, clairement, un besoin de préalable assurance quant à la réussite du programme de réformes proposé par l'Etat (tunisien)".
Selon lui, "un sérieux problème se pose, portant sur la crédibilité des promesses engagées outre une certaine contradiction du discours officiel tunisien sans oublier la position de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) qui se range contre bon nombre de mesures inclues dans le programme de réformes proposé par le gouvernement".
Le FMI, a noté M. Saidane, "veut être rassuré que la nouvelle LF (Loi de finances) 2023 n'est pas en contradiction avec les réformes proposées par le programme gouvernemental et qui (ces réformes) sont l'une des pierres angulaires de la validation éventuelle de l'accord provisoire du FMI".
Et d'ajouter que "le projet de la LF 2023 devait être paraphé par le président de la République, alors que le document soumis au FMI n'était pas, malheureusement, signé".
Dans une autre réaction à cette décision de déprogrammer l'examen du dossier tunisien auprès du FMI, Ridha Chkoundali, universitaire et économiste, pense que "la raison majeure derrière cette décision n'est autre que le désaccord entre les acteurs économiques et sociaux en Tunisie autour du contenu du programme de réformes soumis à l'accord des experts du FMI".
"Les répercussions de ce report seront graves sur l'économie tunisienne et ne feront que creuser la crise financière que traverse le pays actuellement", a noté l'expert tunisien.
L'effet direct, a-t-il averti, "sera visible dans le projet de budget de l'Etat pour 2023, mais surtout au niveau de la mobilisation des ressources extérieures nécessaires pour payer des sommes importantes au titre de dettes extérieures en devises [...] de plus, le pays aura, également dans ce cas, des difficultés pour assurer l'approvisionnement en matières premières, en médicaments et probablement en équipements nécessaires au bon fonctionnement du processus de production".
Selon une source officielle, une nouvelle date sera convenue entre les autorités tunisiennes et le FMI concernant l'examen et l'approbation de la Facilité élargie de crédit pour la Tunisie, afin de donner aux autorités du pays davantage du temps pour finaliser les détails du programme de réforme qu'elles lui ont présenté.
Dans ce sens, les autorités tunisiennes préconisent de présenter à nouveau le dossier, lors de la reprise des réunions de la direction du FMI après les vacances de fin d'année, durant le mois de janvier 2023.
Pour rappel, le FMI avait annoncé le 15 octobre 2022 la validation (par ses services techniques) de l'accord pour soutenir les politiques économiques de la Tunisie via un accord de 48 mois, au titre du Mécanisme élargi de crédit, d'un montant de 1,9 milliard de dollars américains.