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Comment des médecins chinois aident l'Algérie avec la médecine traditionnelle chinoise

le Quotidien du Peuple en ligne | 03.03.2022 09h34

La première fois que Linda Messow est entrée dans le bureau de la Dr Gao Shan à l'hôpital Ben Aknoun d'Alger, la capitale de l'Algérie, pour une thérapie d'acupuncture, elle était effrayée et nerveuse. « Au début, j'ai trouvé que c'était un peu douloureux. Plus tard, j'ai pu me détendre progressivement grâce à la tendre attention du Dr Gao », a-t-elle raconté.

Linda Messow luttait contre une paralysie faciale idiopathique pendant plusieurs mois et a même essayé la physiothérapie. Son médecin lui a alors suggéré d'essayer la médecine traditionnelle chinoise, une idée qui ne lui était pas totalement étrangère puisque sa mère avait été traitée par des acupuncteurs des années auparavant. Pour Linda Messow, la médecine traditionnelle chinoise (MTC) est « une médecine naturelle en harmonie avec les humains sans produits chimiques », et aujourd'hui, après des semaines de traitement, elle se sent mieux. « J'ai remarqué que mes yeux et ma bouche étaient revenus à la normale, en gros », a-t-elle déclaré.

Le centre de MTC de l'hôpital Ben Aknoun offre un service médical gratuit aux Algériens dans le cadre du programme d'aide humanitaire du gouvernement chinois d'envoi de médecins dans le pays depuis 1963.

La Dr Gao, médecin-chef associé du département d'acupuncture de l'hôpital n° 1 de Wuhan, capitale de la province du Hubei (centre de la Chine), est l'un des 81 membres de la 27e équipe médicale chinoise à se rendre en Algérie.

Elle a souligné que si les Algériens bénéficient bien de soins de santé gratuits dans les hôpitaux publics, un patient peut attendre des mois avant de voir un médecin. C'est pourquoi, quand le centre a été rouvert en septembre après avoir été suspendu pendant plus d'un an en raison de la pandémie de COVID-19, il a rapidement été complet.

Gao Shan, 39 ans, traite principalement des femmes et des enfants âgés de 5 à 80 ans. Leurs symptômes comprennent des douleurs chroniques, des insomnies, une paralysie faciale et des menstruations irrégulières. Certains avaient des problèmes de rate et d'estomac, ou espéraient même guérir l'infertilité.

« De nombreux patients m'ont dit qu'ils ressentaient des douleurs dans toutes les parties de leur corps et espéraient que nous pourrions résoudre tous leurs problèmes », a-t-elle dit. « Mais j'ai été étonnée de voir à quel point ils comprenaient l'acupuncture et la MTC. Cela doit être dû aux années d'efforts des médecins chinois ici. Leurs excellentes compétences médicales et leur éthique professionnelle leur ont donné une réputation ».

Comme la plupart des patients ne parlent que l'arabe, le Dr Gao doit communiquer à l'aide d'un logiciel de traduction. Tout en traitant des patients nerveux à cause de la piqûre des aiguilles, elle touche leurs mains et leur tapote l'épaule pour les rassurer. Elle a également toujours des boissons et des bonbons au bureau pour ceux qui n'ont pas déjeuné avant la thérapie.

Elle se souvient avoir traité une femme atteinte de paralysie faciale, qui lui a dit qu'elle se sentait beaucoup mieux après deux semaines de traitement. « Un matin, cette femme, la seule patiente qui parlait anglais dans la salle de consultation, a soudainement dit que tous les autres patients voulaient qu'elle me dise "merci" pour eux, et qu'ils avaient de la chance de m'avoir rencontrée », se souvient-elle.

« Moi aussi, j'ai exprimé mon bonheur. Il y a eu beaucoup de moments aussi chaleureux. C'est vraiment difficile de voir des médecins ici, mais les patients ont une confiance totale en eux ».

Ovamar Karima, une autre patiente du Dr Gao, qui est également médecin à l'hôpital Ben Aknoun, a récemment essayé l'acupuncture pour la première fois, car elle souffrait d'arthrose cervicale, d'insomnie et de perte d'odorat et de goût après avoir contracté la COVID-19. Elle a dit avoir ressenti une douleur très légère quand les aiguilles ont percé sa peau. « Je ne me sentais pas du tout nerveuse ou effrayée. J'ai bien dormi après le premier traitement. Je pense que la médecine traditionnelle chinoise est assez étonnante et efficace », a-t-elle noté, ajoutant qu'elle pensait que Gao Shan était une « personne merveilleuse et très compétente ».

En raison de la pandémie, le Dr Gao et ses collègues doivent porter des combinaisons de protection pour éviter l'infection, et mener les séances d'acupuncture dans la combinaison par temps humide et étouffant est assez difficile. « Après un certain temps, j'ai souvent mal à la tête », a-t-elle déclaré. « Mais nous devons nous y tenir ».

Elle a dit qu'elle était inquiète et effrayée avant de se rendre en Algérie à cause du virus, et qu'elle avait appris de ses collègues les difficultés de travailler en Afrique. Mais comme elle l'a dit à son enfant, « en tant qu'habitante de Wuhan, j'ai vu comment des aides du monde entier sont venues lorsque la ville a été la plus durement touchée, et en tant que travailleuse médicale, il est temps pour moi d'aider les personnes dans le besoin ».

C'était la première visite du Dr Gao en Afrique. Après un long dédouanement et des tests d'acide nucléique, l'équipe est finalement montée dans la voiture pour se rendre à leur résidence à l'hôpital Mustapha Pacha.

« Le ciel était très bleu avec presque pas de nuages. Les maisons étaient pour la plupart blanches et les gens qui vivaient le long de la rue avaient décoré leurs balcons avec des plantes. C'était ma première impression du pays », a-t-elle dit.

En plus de travailler et de faire les courses, l'équipe sort à peine à cause de la pandémie. Mais ils ont leur divertissement traditionnel : l'agriculture. « Ici, les légumes à feuilles vertes sont rares et chers, nous avons donc trouvé un moyen de les planter sur le balcon », a-t-elle noté. « J'espère que la pandémie se terminera bientôt afin que nous puissions visiter ce beau pays ».

Un amour sans bornes

C'est en 1963 que la Chine a envoyé sa première équipe médicale de 10 personnes en Afrique à l'invitation du gouvernement algérien, quelques mois après la déclaration d'indépendance en juillet 1962. Depuis lors, la Chine a envoyé 3 317 travailleurs médicaux en Algérie.

La 27e équipe est partie fin août, bien que la pandémie ne montre toujours aucun signe de recul. Ses membres viennent de 58 institutions médicales publiques du Hubei, dont des docteurs en gynécologie et obstétrique, anesthésie, chirurgie et ophtalmologie, a indiqué Yang Yong, chef de la 27e équipe.

C'est en 1975 qu'une équipe médicale chinoise ouvrit le premier cours d'acupuncture de MTC en Algérie et forma 25 médecins en deux ans. En 2017, les deux gouvernements ont signé un accord pour que la Chine envoie chaque année cinq médecins de MTC pour proposer un traitement ciblé et organiser des formations régulières pour les médecins algériens.

En plus d'avoir reçu des dizaines de milliers de patients, la 27e équipe a également contribué à populariser les dépistages du cancer du col de l'utérus, organisé des échanges universitaires sur l'hypertension induite par la grossesse et le diabète gestationnel avec des médecins locaux et soutenu le travail de lutte contre l'épidémie.

Yang Yong et son équipe ne sont pas retournés en Chine pour la Fête du Printemps début février. « Nous savons quelles sont nos responsabilités. Quand il s'agit de sauver des vies, il n'y a pas de frontières nationales. Nous espérons améliorer le niveau de santé des Algériens et renforcer l'amitié sino-africaine », a-t-il conclu.

(Rédacteurs :Ying Xie, Yishuang Liu)
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