Dernière mise à jour à 08h49 le 24/06
Le procureur de la République près le Tribunal de grande instance hors classe de Niamey, Maman Sayabou Issa, a annoncé dans un point de presse animé mardi à Niamey sur des irrégularités dans la gestion des ressources allouées à l'armée nigérienne, l'ouverture d'une information judiciaire sur un manque à gagner de plus de 18 milliards F CFA (plus de 31 millions de dollars) pour l'Etat.
Pour rappel, un audit mené au ministère nigérien de la Défense, sur instruction du président Mahamadou Issoufou, sur l'utilisation faite des ressources allouées aux Forces de défense et de sécurité du pays a révélé en février dernier plusieurs irrégularités.
Selon le procureur de la République, il ressort notamment du rapport définitif qui a porté sur 177 dossiers négociés suivant la procédure d'entente directe, "des irrégularités dans la chaîne de passation de certains marchés, des livraisons non conformes, des livraisons partielles ou une absence totale de livraison et des surfacturations dans certains cas".
En définitif, sur les surfacturations, "après contradiction apportée par les fournisseurs", les montants reconnus par ces derniers sont estimés à plus de 12 milliards de FCFA (20,71 millions de dollars) alors que les montants à justifier concernant les marchés non livrés, "après auditions des mis en cause et production des pièces justificatives", s'élèvent à plus de six milliards de FCFA (10,35 millions de dollars).
"Il ressort de l'examen du dossier de la procédure transmis à notre parquet le 22 juin 2020 des faits susceptibles de recevoir des qualifications pénales et justifier l'ouverture d'une information judiciaire contre des personnes dénommées et leurs complices pour plusieurs infractions à la loi pénale dont : atteinte à la liberté d'accès et à l'égalité des candidats devant les marchés publics et les délégations de service public, faux et usage de faux en écriture publique et de commerce, enrichissement illicite, complicité", a conclu M. Issa.
Le pays subit sur plusieurs fronts les assauts meurtriers d'organisations terroristes, notamment les groupes terroristes proches d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), d'Ansar Dine et d'autres mouvements basés dans le nord du Mali, et la secte terroriste nigériane Boko Haram. Depuis plus de deux ans, la région des "trois frontières" (Niger-Mali-Burkina Faso) est par ailleurs en proie à d'autres groupes djihadistes.
La transmission à la justice de ces dossiers de détournement de fonds au ministère de la Défense a été l'une des exigences de la société civile, laquelle a tenté d'organiser une manifestation le 15 mars dernier qui s'est soldée par de violentes altercations entre des manifestants et les forces de sécurité à Niamey et par l'arrestation de plusieurs leaders du mouvement.