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(COVID-19) Sénégal : la levée de certaines mesures de restriction contre le coronavirus divise les spécialistes en santé publique et en économie

Xinhua | 13.05.2020 09h07

La décision prise lundi soir par le président sénégalais Macky Sall d'assouplir certaines mesures de restriction contre l'épidémie du nouveau coronavirus dans le cadre de l'état d'urgence est vue différemment par les spécialistes en santé et en économie au Sénégal.

Dans une adresse à la Nation, le président sénégalais a annoncé l'assouplissement des mesures à partir du 12 mai, en réduisant les horaires du couvre-feu qui seraient de 21h00 à 05h00, en rouvrant les lieux de culte et les marchés, et en levant l'interdiction des rapatriements des corps des Sénégalais décédés du COVID-19 à l'étranger.

Après l'annonce de ces nouvelles mesures, l'ancien Premier ministre, Abdoul Mbaye, opposant au gouvernement du M. Sall, a réagi en qualifiant cette nouvelle stratégie de "démission de l'Etat".

"Le Sénégal est le premier pays à renoncer presque totalement aux mesures de lutte contre la pandémie au moment où elle y atteint son pic", a regretté M. Mbaye.

Lui emboîtant le pas, l'expert en intelligence stratégique, Pierre Hameth Bâ, s'est dit incapable de comprendre la raison pour laquelle le chef de l'Etat avait décidé d'alléger les mesures au moment où le pays avait atteint le pic de contamination.

Selon l'expert en intelligence stratégique, M. Sall est passé de "l'embarras du choix au choix de l'embarras".

Pour sa part, le professeur Massamba Diouf, enseignant-chercheur à la Faculté de médecine de l'Université Cheikh Anta Diop ne semble non plus être convaincu par l'assouplissement des mesures de restriction.

Pour l'épidémiologiste, la décision prise par les autorités risque de conduire à un "engorgement" des hôpitaux et à un "débordement" du travail du personnel sanitaire.

De son côté, l'expert en santé publique et consultant international, Pape Moussa Thior a estimé que ces décisions iraient permettre aux Sénégalais de "reprendre leurs activités", car le pays était au bord de l'asphyxie.

"Le taux de létalité est de moins de 1% (au Sénégal). On a le taux de létalité le plus faible au monde. Le nombre de cas augmente, parce que nous avons un système de surveillance sentinelle épidémiologique qui est très bon. Il ne faut pas avoir peur que les cas augmentent", a observé M. Thior.

Sur cette même lancée, l'économiste Cheikh Ahmed Bamba Diagne a indiqué que "le virus est là pour un bon bout de temps", demandant la population à "vivre avec le virus en toute responsabilité".

Pour lui, avec une "économie en confinement", les recettes de l'Etat ont chuté drastiquement et l'Etat a des dépenses incompréhensibles.

"Les perspectives (économiques) ne sont pas très bonnes, parce que la reprise sera lente et complexe. Le peuple doit être dans une nouvelle économie basée sur la distanciation physique. Mais au moins, c'est rassurant de démarrer timidement l'activité économique", a expliqué Dr. Diagne.

Le président Sall a récemment déjà prolongé l'état d'urgence jusqu'au 2 juin. Malgré l'assouplissement de certaines mesures, tous les vols de passagers internationaux sont toujours suspendus jusqu'au moins le 31 mai afin de bloquer des cas importés venant principalement de l'Europe.

A ce jour, le Sénégal compte 1.995 cas confirmés de COVID-19, dont 19 décès et 742 guéris.

(Rédacteurs :孙晨晨, Yishuang Liu)
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