Dernière mise à jour à 09h47 le 05/07
Le général Gilbert Diendéré, cerveau présumé du coup d'Etat manqué de septembre 2015 au Burkina Faso, a été enfoncé par l'un des 84 accusés lors de son interrogatoire, qui l'accuse d'avoir ordonné le putsch, a-t-on appris mercredi de source judiciaire.
L'accusé, l'adjudant Jean Florent Nion, appelé mardi à la barre, a déclaré que c'est le général (Gilbert Diendéré) qui a "instruit de faire un coup d'Etat", selon la même source.
M. Nion est accusé d'attentat à la sûreté de l'Etat, meurtre, coups et blessures volontaires, incitation à commettre des actes contraires à la discipline militaire.
Reconnaissant partiellement les faits qui lui sont reprochés, le militaire a précisé qu'il a participé au coup d'Etat en séquestrant sous les ordres de sa hiérarchie deux ministres de la Transition politique.
"Si tu n'es pas d'accord avec quelque chose, ce n'est pas à tout moment que tu peux refuser. Si j'avais la possibilité de m'envoler, j'allais le faire", a-t-il déclaré, et d'ajouter : "Je n'ai jamais tué quelqu'un, je me suis limité à la présidence et il n'y a pas eu de mort à la présidence".
"Je voudrais vous témoigner mon admiration personnelle. C'est ça l'attitude d'un homme a fortiori, un militaire", a déclaré un avocat de la partie civile Me Ambroise Farama.
Un autre avocat de la partie civile, a demandé la protection de l'accusé à son retour en détention après ses propos qui charge le présumé cerveau du coup d'Etat.
Son avocat a pour sa part demandé à la cour de tenir compte de la sincérité des propos de son client avant de le condamner.
Le 16 septembre 2015, un groupe de militaires proches de l'ancien président Blaise Compaoré a tenté de renverser le régime de la Transition, tuant 14 personnes et blessant 251 autres.
Le coup d'Etat a vite échoué face à la résistance de l'armée régulière soutenue par la population. Nombre de personnes impliquées dans ce putsch manqué ont été ensuite poursuivies en justice, dont le général Diendéré, ancien chef d'état-major particulier du président déchu Blaise Compaoré.
Le procès, qui a débuté le 27 février dernier, a été plusieurs fois suspendu. Les interrogatoires des 84 accusés se poursuivent ce mercredi.