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Les films de kung-fu inspirent le "Bruce Lee" ougandais

Xinhua | 04.10.2017 11h17

Dans les taudis de Wakaliga en périphérie de Kampala, capitale de l'Ouganda, se trouve un studio de cinéma peu connu dans son pays mais à la réputation montante sur la scène internationale.

Des fossés et des bâtiments semi-permanents composent Wakaliwood, un studio de cinéma dirigé par Ramon Films Productions.

Isaac Nabwana est le cerveau derrière Wakaliwood. Dans son enfance, les frères de M. Nabwana lui racontaient les films chinois qu'ils avaient regardés au cinéma. M. Nabwana ne pouvait qu'imaginer les gestes de ces films.

"J'ai été inspiré par les histoires de ces films chinois. Je me souviens de noms comme Wang Yu, Bruce Lee et plus tard Jet Li et Jackie Chan", raconte M. Nabwana dans une interview récente auprès de Xinhua.

C'est ainsi qu'est né dans les années 1990 son rêve de fonder un jour ses propres studios pour produire des films. Pour commencer, il a choisi des élèves de kung-fu de l'école de son frère pour tourner des clips vidéos.

"Les histoires n'étaient pas reliées entre elles car nous n'avions pas de script. C'était une énigme pour moi", raconte-t-il.

M. Nabwana a appris à écrire un script dans les années 2010, et il a ainsi pu sortir son premier film, intitulé, "Who Killed Captain Alex ?". Depuis, il a réalisé plusieurs films, dont les cascades de kung-fu ne sont jamais absentes.

"Nous aimons la culture chinoise du kung-fu qui a sa propre importance, comme le fitness, l'autodéfense ... nous avons besoin de ça dans notre société, c'est presque comme un médicament", explique M. Nabwana.

"LE BRUCE LEE OUGANDAIS"

Alors qu'il commence à recueillir une certaine attention à l'échelle internationale, M. Nabwana se concentre sur le marché chinois. Outre l'importance en volume du marché chinois, M. Nabwana espère que ses cascades de kung-fu parleront davantage à la population chinoise.

L'un de ses derniers films en date est "Bruce U", dont l'histoire est basée sur la star du cinéma chinois Bruce Lee.

"Bruce Lee était célèbre ici, et je pense que c'est l'un des quelques Chinois à avoir popularisé l'image de la Chine en Ouganda. Aujourd'hui, nous avons Jackie Chan, Donnie Yen. Mais Bruce Lee a eu un impact remarquable sur nous, c'est pourquoi j'ai décidé d'appeler mon film +Bruce U+, c'est-à-dire "Bruce Lee d'Ouganda", explique M. Nabwana.

Ce film mêle des acteurs chinois et ougandais. Certaines scènes de ce film ont été tournées au temple Shaolin du Sud en Chine.

Le film raconte l'histoire d'un jeune garçon ougandais, Kiwa, qui admire le kung-fu chinois depuis son enfance et obtient une chance d'apprendre le kung-fu au temple Shaolin.

"Smile Africa" (Souris, Afrique), un projet visant à aider à diffuser la culture chinoise en Afrique, a joué un rôle essentiel dans la production de ce film en invitant M. Nabwana et son équipe dans le temple Shaolin du Sud pour tourner certaines scènes.

OBJECTIF, UN DÉCOLLAGE DE L'INDUSTRIE DU CINÉMA

L'industrie ougandaise du cinéma est encore très jeune. Vincent Bagiire, secrétaire permanent du ministère de l'Information, de la Communication et de la Technologie, explique que le partenariat avec des pays comme la Chine a un rôle décisif à jouer pour développer ce secteur d'activité.

Lors de la première de "Bruce U" en août, M. Bagiire a déclaré que l'industrie du cinéma pouvait contribuer à établir une société mieux informée, à faire évoluer les comportements et à développer les esprits des spectateurs locaux.

"Nous devons accélérer ce processus pour protéger le potentiel énorme que représente cette industrie en terme d'emploi et de développement économique et culturel", a-t-il dit.

M. Nabwana a décidé d'établir son studio à Wakaliga, qui est non seulement sa région natale mais aussi une région aux prix abordables.

"Je sais que nous avons besoin de bonnes caméras et d'ordinateurs mais même sans cela, on ne peut pas rester inactifs, nous avons le talent, nous avons la passion, nous pouvons le faire", a-t-il dit.

"Nous avons des gens qui peuvent fabriquer des accessoires, nous avons des artistes du maquillage, nous avons tellement de talents réunis", a-t-il ajouté.

Tout en reconnaissant que les contraintes budgétaires ont toujours été l'un des principaux défis, M. Nabwana garde confiance dans l'idée que cette industrie commencera à générer des recettes au fil du temps.

Son rêve est d'établir un studio sur un terrain de 4 hectares, mais son terrain d'action actuel mesure moins d'un demi-acre.

"Nous formons des enfants, ils sont dix. Ils seront l'avenir de cette industrie. Si vous voulez bâtir une industrie du cinéma, il faut commencer avec les enfants", estime-t-il.

"Mon rêve est de voir un grand studio où la jeune génération apprendrait à écrire, tourner et monter un film. C'est le rêve auquel je me consacrerai si je gagne de l'argent".

M. Nabwana a formé un partenariat avec le promoteur de cinéma américain Alan Hofmanis afin d'assurer la diffusion de ses films sur le marché international.

Dans une interview récente auprès de Xinhua, M. Hofmanis a raconté qu'ils avaient organisé des voyages en Europe, en Inde, au Kazakhstan et aux États-Unis pour promouvoir les films de Wakaliwood.

(Rédacteurs :Yishuang Liu, Wei SHAN)
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