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Uber face au défi au Kenya après un bref succès

Xinhua | 08.03.2017 08h38

Depuis son lancement dans la capitale kenyane Nairobi en 2015, la société américaine de voiture partagée Uber a suscité excitation et anxiété en même temps.

Ceux qui étaient excités étaient des consommateurs qui voyaient l'entreprise comme une bénédiction car elle offrait des frais inférieurs à ceux du marché.

En outre, l'idée de composer tout simplement un numéro sur son Smartphone pour appeler un taxi était nouvelle dans un pays où les Smartphones dominent le marché.

D'autre part, ceux qui étaient anxieux étaient les chauffeurs de taxi traditionnels, dont beaucoup ont compté sur des clients fidèles qui payaient jusqu'à 10 dollars pour un voyage d'un kilomètre. Pour eux, Uber allait détruire leurs affaires.

Et comme prévu, l'application d'appel de taxi a perturbé le marché au Kenya, car elle a exité des consommateurs, dont beaucoup désireux de l'utiliser pour économiser de l'argent et rester à la mode.

Dans le processus, Uber a recruté des centaines de conducteurs dans son repli pour servir le nombre croissant de clients alors que des rivaux, y compris les applications Taxify et Little Cab, émergeaient aussi.

John Musomi est parmi les chauffeurs de taxi à Nairobi qui ont rejoint le mouvement Uber, jugeant qu'il a révolutionné l'industrie.

"J'ai rejoint Uber en novembre 2015 après avoir travaillé pendant trois ans en tant que chauffeur indépendant. Pour moi, c'était une excellente occasion parce que les affaires avaient baissé et que je ne pouvais plus compter sur mes clients fidèles", a-t-il déclaré vendredi à Xinhua.

Pour transporter quelqu'un du centre des affaires de Nairobi à Westlands, une distance de 5km, M. Musomi pouvait exiger jusqu'à 8 dollars. Mais avec l'arrivée d'Uber, il ne pouvait exiger que 5 dollars.

Toutefois, M. Musomi a fait savoir que les affaires étaient bonnes parce qu'il obtiendrait des alertes sur le prochain client à transporter dès qu'il déposait quelqu'un, ce qui signifie qu'il pourrait faire plus de voyages.

Le changeur de jeu, pour Uber et ses chauffeurs de taxi, est toutefois venu en juillet 2016 lors que la compagnie a coupé ses prix de 35% après une guerre de prix avec ses concurrents.

Dans le nouveau régime, les clients devraient payer un dollar (tarif de base) plus 0,35 dollar coût par kilomètre, plus 0,03 dollar coût par minute. Le prix minimum a ensuite été baissé à 2 dollars alors que les frais d'annulation sont restés à 2 dollars.

Selon Uber, les réductions tarifaires ont doublé le nombre de passagers de Nairobi de 70 à 100%.

"D'après nos résultats, nos conducteurs partenaires ont connu une augmentation de 100% des nouveaux déplacements par semaine, ce qui signifie que la réduction des prix a doublé le nombre de nouveaux clients pour les conducteurs partenaires", a expliqué l'entreprise Uber dans un communiqué publié en novembre de l'année dernière, notant que 100.000 personnes chargent leur application chaque mois.

Mais les conducteurs ont commencé à grogner notant que l'entreprise était engagée dans des pratiques commerciales restrictives en plafonnant les tarifs à 0,35 dollars par kilomètre avec un frais minimum de 2 dollars.

En juillet de l'année dernière, dès qu'Uber a baissé les tarifs, plus de 800 conducteurs à travers l'Association de Taxi Numérique du Kenya ont déposé une plainte dans laquelle Uber a été poursuivie pour mauvaises pratiques commerciales. Les conducteurs ont prétendu que le geste était une tentative par la compagnie de créer un monopole dans l'industrie de taxi.

La question est échauffée en fin février par les chauffeurs d'Uber qui sont allés en grève, exigeant des tarifs plus élevés. Les conducteurs ont en outre accusé l'entreprise de garder 25% de ce qu'ils gagnaient, les laissant avec si peu pour survivre.

La situation a été aggravée par la hausse du coût du carburant, ce qui a réduit leurs revenus de jusqu'à 20%. Un litre de diesel va actuellement à 0,90 dollar tandis que l'essence va à un dollar le litre.

"Le maximum que je peux encaisser pour un voyage d'un kilomètre après les taux révisés est de 4 dollars. Uber prend 25% de cette somme, qui est d'environ un dollar. Puis je dois payer pour le carburant, me payer, payer le propriétaire et entretenir la voiture. En fin de compte, on retrouve avec si peu à la fin de chaque journée de travail, c'est pour cette raison que nous sommes en grève", a clarifié Simon Karima, un chauffeur d'Uber.

"Le problème est que le conducteur n'a aucune idée du tarif à exiger jusqu'à ce qu'ils atteignent la destination du client. Vous pouvez donc conduire pendant trois kilomètres et l'application vous dit que le tarif est de 6 dollars, ce qui est si peu par rapport à ce que l'on souhaite et si l'on savait avant le départ, on annulerait le voyage", a expliqué M. Karima.

Selon M. Karima, les conducteurs veulent également qu'Uber commence à fixer les tarifs dès que la demande pour le taxi est faite, pas quand le client monte dans la voiture.

"Nous voulons aussi qu'Uber réduise son pourcentage. Le fait pour eux de gagner 25% pour chaque voyage est une exploitation", a déclaré M. Karima.

Au début de la semaine, le gouvernement, par le biais du ministère des Transports, a demandé à Uber une audition sur ses mécanismes de fixation des tarifs.

Le Secrétaire principal au ministère des Transports Irungu Nyakera a affirmé que le ministère a recommandé un ensemble de mesures à Uber, aux conducteurs et aux propriétaires pour faciliter un retour à la normale dans les plus brefs délais.

Les responsables d'Uber à Nairobi sont restés silencieux alors que l'impasse entre en sa deuxième semaine.

(Rédacteurs :Wei SHAN, Guangqi CUI)
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