Les autorités de Shanghai ont interdit les cigarettes dans les lieux publics en 2010. Mais bien que des patrons de certains établissements des quartiers chics doivent maintenant aller fumer dehors, de plus en plus de restaurants et bars font la sourde oreille en disposant des cendriers sur chaque table.
Lors de mariages dans les grandes villes, les futurs mariés continuent d’offrir et allument avec courtoisie des cigarettes pour leurs invités, également des présents pour ceux qui occupent des fonctions officielles et semi-officielles. Cela fait partie de la culture du pays, et l'interdiction de fumer doit combattre cette tradition.
La lutte contre le tabagisme n’est pas une première en Chine. En 1639, sous la dynastie des Ming (1368-1644) l’empereur Chongzhen avait déjà interdit le tabac et ordonné que les toxicomanes soient mis à mort. Sous la dynastie des Qing (1644-1911), l'empereur Kangxi a étendu la peine de mort pour toute personne trouvée en possession de tabac. La peine capitale ne devrait cependant pas être invoquée pour changer les coutumes, les habitudes et attitudes.
La Chine n’est pas le seul pays à constater que l'interdiction du tabac, une substance addictive qui provoque le cancer, est difficile a appliquer pour de nombreuses raisons. La nation ayant d'énormes problèmes à gérer, pour pouvoir aborder cette question de manière plus réaliste.
Il faut d’aborder citer quelques chiffres clés: la Commission nationale de la santé et du planning familial a déclaré que le taux de tabagisme chez les hommes en Chine était de 52,96%, et plus de 28% chez les jeunes âgés de plus de 15 ans (y compris un nombre sans précédent de plus de 60% des médecins). Près de 1,4 million de Chinois meurent de maladies liées au tabagisme chaque année, soit près d'un tiers des décès causés par le tabagisme dans le monde.
Ici, les cigarettes sont très bon marché, un paquet à Shanghai vaut seulement 10 yuans (1,63 $). L'un des principaux éléments de d'autres pays pour tenter de réduire le tabagisme est d’augmenter le prix du tabac en les taxant lourdement. Ce paquet qui est acheté 1,63 $ à Shanghai coûte l'équivalent de 11,90 $ à New York, 13,40 $ à Londres et 17 $ à Sydney, en Australie.
Des étrangers à Shanghai pensent qu'ils sont arrivés au paradis des fumeurs. Non seulement ils peuvent fumer dans les bars et restaurants, le plus souvent interdit dans leur pays d'origine, mais le prix des cigarettes est dérisoire par rapport à ce qu’ils déboursent habituellement.
Cela semble être une solution simple et facile pour un gouvernement d’imposer un taux élevé de taxe sur les tabac et regarder plus de 359 millions de fumeurs chinois abandonner la cigarette. Mais en Chine, ce secteur est une industrie très importante. La China National Tobacco Corp est l'un des plus grands producteurs de tabac de la planète en produisant 42% des cigarettes.
Plus important encore l'industrie du tabac fournit au pays près de 10% de l’ensemble de ses recettes fiscales. Aucun gouvernement ne désire tuer une poule aux oeufs d’or, mais les responsables ne peuvent pas ignorer la douleur et les problèmes causés par le tabagisme.
Le traitement du cancer est extrêmement coûteux en Chine. Une étude au deuxième hôpital de la Central South University entre 2006 et 2010 a montré que les frais annuel du traitement variaient entre 11,566 et 14,519 $.
A l’Ouest, où les cigarettes ont été, au début du 20e siècle, souvent utilisés pour payer les membres des forces armées ou même des prisonniers, il a fallu des décennies pour voir le nombre de fumeurs diminuer.
La Chine doit reconnaître que cela ne se produira pas du jour au lendemain, que cela sera onéreux à bien des égards, mais que, si elle veut vraiment aider à sauver la vie d'un million ou plus de personnes chaque année, le gouvernement devra tenter différentes approches. Et pas seulement comme l’a fait l'autorité de la santé de Shanghai en mars 2013, en infligeant à 107 personnes dans 252 lieux une amende totale de 481 600 yuans pour avoir enfrunt la loi quant à l’interdiction de fumer dans les espaces publics.