Des milliers de manifestants se sont réunis vendredi soir dans le centre de Tokyo pour poursuivre le mouvement de protestation contre la politique du Premier ministre japonais Shinzo Abe.
Les manifestants se sont rassemblés au parc Hibiya, devant l'édifice de la diète et devant la résidence officielle du Premier ministre, en scandant des slogans tels que "Abe, démission" "Opposition catégorique à la guerre" ou encore "Protégeons la Constitution".
De telles manifestations sont organisées sans relâche près de la diète depuis que le gouvernement de M. Abe a commencé à vouloir faire passer des projets de loi de défense controversés au Parlement.
Ce vendredi, la chambre haute de la diète a décidé de mettre sur pied un comité spécial pour débattre des projets de loi de défense, lesquels ont été adoptés à la chambre basse la semaine dernière grâce à un passage en force.
Si elles sont définitivement ratifiées, ces nouvelles lois permettront aux Forces d'autodéfense du Japon (armée japonaise) d'user d'un droit à l'autodéfense collective, mais la Constitution japonaise, qui renonce à la guerre, interdit aux forces armées du pays d'agir ainsi.
L'ancien Premier ministre japonais Tomiichi Murayama, qui a prononcé un discours jeudi soir lors d'un rassemblement près de la diète et a de nouveau participé à la manifestation de vendredi, se montre critique à l'égard de M. Abe, à qui il reproche de gouverner de façon autocratique et de ne pas respecter le régime démocratique du Japon.
L'ex-Premier ministre, célèbre pour sa déclaration de 1995 dans laquelle il a présenté des excuses aux pays ayant subi les exactions commises par le Japon pendant la guerre, a souligné que c'est une grande fierté pour le Japon que le renoncement à la guerre soit inscrit dans la Constitution.
Les projets de loi seront débattus au sein du comité spécial de la chambre haute de la diète à partir de lundi.
Selon les derniers sondages, la majorité des Japonais sont opposés à ces projets de loi et environ 90 % des spécialistes de la Constitution japonaise estiment qu'ils sont inconstitutionnels.
Le taux de soutien au gouvernement Abe a chuté de 10 points de pourcentage immédiatement après l'adoption des projets de loi par passage en force à la chambre basse, tandis que le taux d'insatisfaits à l'égard du gouvernement dépasse désormais 50 %.
(Rédacteurs :Qian HE, Français)