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La guerre commerciale américaine est vouée à l'échec
Le 24 avril, l'ambassadeur Deng Li a publié un article signé dans Les Échos, le principal quotidien économique français, pour exposer la position de la Chine concernant l'abus des droits de douane par les États-Unis. Le texte complet est le suivant :
Frédéric Bastiat disait : « L'échange est un droit naturel, le priver de cette faculté, c'est légitimer une spoliation et blesser la loi de la Justice ». Les Etats-Unis, en imposant les droits de douane « réciproques », veulent justement priver d'autres pays de droits au libre-échange et au développement. La communauté internationale s'oppose à cette approche ni fondée ni tenable.
Le déficit commercial américain vient du déséquilibre épargne-consommation dans le pays. De 2017 à 2020, les États-Unis ont imposé la taxe « section 301 » à la Chine, mais leur déficit vis-à-vis de la Chine est passé de 275,8 milliards de dollars à 316,5 milliards. La taxe ne réduira pas le déficit commercial, et nuira aux économies américaine et mondiale. La Commission européenne n'a-t-elle pas indiqué le 11 avril sur son site officiel que, si la politique tarifaire américaine perdurait ou s'il y avait davantage de contre-mesures, les États-Unis enregistreraient une perte économique de 3,1%-3,3%, l'UE de 0,5%-0,6% et le monde entier de 1,2% ?
Ces droits de douane dits « réciproques » violent gravement les règles de l'OMC. Ce sont des coups durs portés au système commercial multilatéral fondé sur des règles et à la stabilité de l'ordre économique mondial. Lors de la réunion du Conseil du commerce des marchandises de l'OMC du 9 avril dernier, la Chine a exprimé ses vives préoccupations à cet égard, auxquelles 46 membres de l'OMC dont l'UE ont fait écho.
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont toujours été le plus grand bénéficiaire du système économique et commercial mondial. La mondialisation a apporté d'énormes profits à leurs multinationales, fourni des biens à bas prix à leurs consommateurs et soutenu le statut du dollar. Selon le Département du Commerce américain, les États-Unis sont la première source du déficit commercial de services chinois, et les chiffres d'affaires des entreprises américaines en Chine sont beaucoup plus élevés que ceux des entreprises chinoises aux États-Unis. En 2022, cet écart a dépassé 400 milliards de dollars.
Nous vivons dans un même village planétaire, personne ne peut faire cavalier seul. Le protectionnisme mène à l'impasse, seule l'ouverture et la coopération sont le bon choix.
La Chine souhaite réaliser le respect mutuel, la coexistence pacifique et le gagnant-gagnant avec les États-Unis. Elle est prête à régler les différends par consultation et négociation sur un pied d'égalité. Mais nous ne reculerons pas devant le chantage et l'intimidation, et nous battrons jusqu'au bout. Ce n'est non seulement pour défendre nos propres droits et intérêts, mais aussi les intérêts de la communauté internationale.
Aujourd'hui, la Chine et l'Europe doivent d'autant plus être à la hauteur de leurs responsabilités internationales, préserver le courant de la mondialisation économique et approfondir la coopération et l'ouverture mutuelle pour les bénéfices communs. Depuis 2017, environ 14% de l'exportation chinoise va chaque année en Europe. Plutôt que de se soucier des problèmes qui pourraient être causés par des exportations chinoises, ne vaut-il pas mieux de voir les opportunités offertes par le méga-marché chinois de 1,4 milliard d'habitants ?
Il y a 61 ans, le Général de Gaulle a pris la décision d'établir des relations diplomatiques avec la Chine nouvelle, ouvrant le dialogue et la coopération entre la Chine et la France. Depuis lors, nos deux pays, animés par la tradition d'indépendance, ont mené une coopération dans l'intérêt de chacun et de la communauté internationale. Aujourd'hui, nous devons continuer à faire rayonner cet esprit pour promouvoir le multilatéralisme, le dialogue et le bénéfice mutuel afin d'injecter plus de certitude et de visibilité au monde. La Chine s'ouvrira davantage à l'extérieur et entend travailler avec la France pour intensifier la coopération dans les champs traditionnels, exploiter les potentiels dans les industries innovantes et créer plus d'agendas positifs, dans le but de bâtir un avenir partagé pour la France, la Chine et le monde.
Source : l'ambassade de Chine en France