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Réforme éducative française : Philippe Tournier évoque les difficultés

le Quotidien du Peuple en ligne | 23.06.2017 15h07

A l'occasion de l'annonce du nouveau gouvernement français, le Quotidien du Peuple en ligne (People.cn) reçoit Philippe Tournier, secrétaire général du Syndicat des personnels de direction (SNPDEN-UNSA) pour nous parler du système éducatif en France et les difficultés rencontrées.

Historien de formation, Philippe Tournier, docteur en histoire est l'auteur d'une thèse intituclée «l'Histoire de la formation de la proche banlieue parisienne : l'exemple d'Issy-les-Moulineaux». Le Français à la tête du syndicat des personnels de direction (SNPDEN-UNSA) depuis 2009 et proviseur du lycée Victor Duruy (Paris 7ème), occupe une place importante dans le monde politique et éducatif de la France contemporaine.

People.cn : Pouvez-vous nous donner votre point de vue sur le monde éducatif de la France contemporaine. A quel moment le SNPDEN a-t-il été créé et quelle est son importance en nombre ? Quels sont le rôle politique et fonctions éducatives, culturelles, voire législatives de cette structure au sein du gouvernement ?

Philippe Tournier : Le Syndicat national des personnels de direction de l'Education nationale (le SNPDEN) regroupe les personnels de direction des établissements publics locaux de l'enseignement. Fondé en 1992, il revendique 10 000 adhérents et joue un rôle politique important dans le monde éducatif et au sein du ministère de l'Education Nationale et du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Participant aux réformes éducatives du gouvernement et étant réactif aux questions fondamentales de l'éducation.

People.cn : Invité du colloque du 26 septembre 2016 intitulé «Education» qui s'est tenu à l'Assemblée Nationale, vous avez exprimé vos inquiétudes sur le système éducatif en France et souligné le fait que «nous assistions à un appauvrissement et à une hystérisassion du débat scolaire dans l'Hexagone.» Selon vous, depuis quand ces phénomènes existent-ils ? Et sous quelle forme se traduisent-ils ?

Philippe Tournier : Le système éducatif français est un système qui fonctionne mal, car il est dominé par les disfonctionnements de l'administration centrale. Ces paralysies sont les effets et les résultats des réalités sociales dégradantes. Appauvrissement et hystérisassion sont des phénomènes sans doute très liés à l'évolution de la société française des trente dernières années. Par exemple, depuis Gilles Deleuze, la France n'a plus de grands penseurs et ne fait plus naître de nouvelles idées. En plus, le phénomène de la dégradation de la société française est renforcé depuis cette dernière décennie. Une société actuellement marquée par une crise de conscience et par une véritable dégradation.

People.cn : Pour les Chinois, la France est un pays où il existe un idéal ou des idéaux éducatifs, un pays qui incarne la modernité éducative : notamment le cosmopolitisme, le mythe de l'individu et la liberté d'expression, ces vertus ont profondément transformé la vision éducative des lettrés chinois du début du XXe siècle. A votre avis, ces qualités qui font partie des valeurs revendiquées par le système éducatif français perdurent-elles toujours aujourd'hui ? Et sous quelle forme ?

Philippe Tournier : Effectivement, je pense que ces idéaux éducatifs perdurent dans le système éducatif français. Par rapport à la société chinoise, la France est un pays qui accueille de nombreux étrangers et, surtout, beaucoup plus d'étudiants étrangers. La liberté d'expression fait partie des valeurs intrinsèques revendiquées par le système éducatif français. Mais cette liberté conduit, en même temps, à l'excès, à la violence, voire l'exaltation radicale de l'individu.

People.cn : La Chine et la France sont deux nations qui ont un système administratif très centralisé. D'après vous, existe t-il quelque chose de comparable dans l'organisation du pouvoir centralisé des deux pays par rapport au monde de l'éducation ?

Philippe Tournier : Oui, l'organisation du pouvoir centralisé en France et en Chine a une influence considérable sur le monde éducatif de ces deux pays. Il existe quelque chose de comparable, par exemple, cette organisation forme les jeunes par un système d'examens très sélectifs qui renforce le pouvoir politique centralisé et dominé par une classe sociale très privilégiée.

People.cn : Votre engagement politique dans le monde éducatif montre que vous êtes particulièrement sensible au phénomène des inégalités en France. « L'égalité » fait, pourtant, partie de la devise de la République française. Comment expliquer une telle contradiction ?

Philippe Tournier : C'est justement parce que « l'égalité » fait partie de la devise de la République française que nous l'ignorons. Le système éducatif français est un système très inégalitaire. Ces inégalités transparaissent à travers différents aspects, comme la mixité sociale.

People.cn : La thématique de l'autonomie des établissements scolaires devient actuellement un classique des élections présidentielles. D'où vient le succès de cette thématique ? Comment définissez-vous précisément l'autonomie des établissements scolaires ?

Philippe Tournier : Le succès de cette thématique s'explique par les nécessités politique, administrative et institutionnelle. Le pouvoir central de l'Education nationale ne fonctionne plus réellement. Il importe que les établissements scolaires acquièrent une vraie autonomie. L'autonomie des écoles peut aller très loin et se définir par la totale liberté aux niveaux administratif et pédagogique. Le ministère est seulement responsable de la certification et des programmes scolaires.

(Mme. Lu Wanfen a contribué à cet article.) 

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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