Dernière mise à jour à 08h47 le 16/06
Les autorités régionales de la République démocratique du Congo (RDC) ont accusé lundi l'armée rwandaise d'avoir "envahi et occupé" Bunagana, une ville stratégique à la frontière avec l'Ouganda, ce qui a accru les tensions entre Kinshasa et Kigali, attisées par les récentes offensives du Mouvement du 23 mars (M23).
Selon Sylvain Ekenge, porte-parole du gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu, dans le nord-est de la RDC, où de violents combats entre l'armée et les rebelles du M23 se sont intensifiés depuis avril, le gouvernement provincial accuse l'armée rwandaise de "violer l'intangibilité de notre frontière et l'intégrité territoriale" en occupant Bunagana.
La déclaration des autorités régionales congolaises intervient quelques heures après que le M23 a annoncé l'occupation de Bunagana, un important point de transit pour le commerce transfrontalier entre la RDC et l'Ouganda, qui était tombé aux mains des rebelles en 2013. M. Ekenge a pointé du doigt le Rwanda, qui a été accusé de soutenir les rebelles du M23.
Le Rwanda n'a pas fait de commentaire immédiat concernant ces dernières accusations. Toutefois, les Forces rwandaises de défense ont affirmé mardi dans un communiqué que la défense et la sécurité de la population rwandaise, ainsi que l'intégrité territoriale du Rwanda, étaient assurées.
Les relations entre la RDC et le Rwanda, qui avaient donné des signes de dégel sous les administrations actuelles, sont désormais soumises à un bras de fer diplomatique, provoqué et alimenté par les récentes offensives de la rébellion congolaise du M23. A ce jour, une rencontre entre Kinshasa et Kigali est toujours en suspens, sans qu'aucune information ni aucun détail n'ait annoncé par les gouvernements des deux pays.
L'Ouganda est affecté par l'instabilité au Nord-Kivu. Des centaines de personnes fuyant les combats sont entrées dans le district frontalier ougandais de Kisoro pour chercher une protection, a déclaré lundi une organisation humanitaire.
Des milliers d'habitants de Bunagana ont fui vers l'Ouganda après que de violents combats ont éclaté entre l'armée congolaise et les rebelles du M23 dimanche, a noté l'ONU, en avertissant que l'intensification des affrontements autour de la ville a affecté les activités humanitaires, qui ont repris dans cette zone il y a dix jours.
L'ONU a exprimé samedi dernier son inquiétude face à la détérioration de la situation sécuritaire dans l'est de la RDC, appelant les groupes armés locaux à déposer les armes et encourageant la réconciliation entre Kinshasa et Kigali sous la médiation du président angolais João Lourenço.
"Nous saluons également la nomination du président angolais João Lourenço par l'Union africaine pour désamorcer les tensions entre la RDC et le Rwanda", a confirmé Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, soulignant que l'ONU soutient les efforts politiques nationaux et régionaux en cours pour accompagner le désarmement des groupes armés.
En plus, les organisations régionales sont également très préoccupées par la situation sécuritaire au Nord Kivu et les relations entre les deux pays voisins.
Le président de la Commission de l'Union Africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, a appelé lundi à une cessation immédiate de toute forme de violence par tout groupe armé et de toute activité militaire de menace pour le Rwanda et de la RDC. Il a encouragé les deux pays à résoudre tout différend par "le dialogue et la concertation fraternelle par les mécanismes régionaux".