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La Cour suprême du Kenya ordonne un contrôle du scrutin présidentiel

Xinhua | 29.08.2017 08h49

La Cour suprême du Kenya a autorisé lundi le dirigeant d'opposition Raila Odinga à accéder aux serveurs informatiques de l'organe électoral kenyan ainsi qu'aux résultats de tests pour déterminer si une ingérence extérieure avait pu avoir lieu dans la transmission des résultats de l'élection présidentielle du 8 août.

La Commission indépendante des élections et des frontières (IEBC), qui défend son organisation des élections, s'est vu demander lundi d'autoriser M. Odinga et les représentants du président Uhuru Kenyatta à accéder à ses serveurs et à mettre tous les équipements technologiques à la disposition des tribunaux.

Cette décision fait suite à une déclaration de M. Odinga indiquant que des informations enregistrées dans les bureaux de vote individuels différaient des résultats totalisés dans le calcul global qui a donné la victoire au président Kenyatta.

M. Odinga a contesté en justice les résultats des élections, évoquant un piratage externe des serveurs de l'IEBC qui aurait affecté la transmission des résultats du scrutin présidentiel.

La cour a demandé un rapport sur un certain nombre de serveurs, sur les systèmes d'exploitation informatiques, sur les politiques de mots de passe et les accès accordés aux utilisateurs dans le système de l'IEBC.

Les équipes du président Kenyatta et de M. Odinga doivent envoyer deux experts chacun pour cette vérification.

Cette décision de la Cour suprême se base sur trois éléments principaux, à savoir le fait que le système électoral kenyan est partiellement électronique et partiellement manuel, le fait que l'intégrité du système, comprenant les mots de passe, doit être protégé, et le fait que les fabricants des systèmes sont en France et ne peuvent donc pas être convoqués en raison de contraintes de temps, a déclaré le juge Isaac Lenaola.

Le juge Lenaola a également demandé à l'IEBC de fournir à l'opposition les informations qu'elle demande, y compris le nombre de serveurs utilisés lors des élections générales, l'accès à tous les kits électoraux fournis (utilisés ou non), et l'accès aux politiques de pare-feux, systèmes d'exploitation et mots de passe.

M. Odinga pourra également consulter les formulaires originaux indiquant les résultats électoraux des 40.833 bureaux de vote et 290 circonscriptions pour s'assurer de leur authenticité.

Un responsable informatique désigné par la Cour suprême et le pouvoir judiciaire supervisera ces examens pour accéder aux technologies utilisées et préparer un rapport avec les deux représentants des parties respectives.

Selon le tribunal, M. Odinga disposera semble-t-il d'un accès très limité et spécifique aux serveurs alors qu'il a demandé à un accès total.

Le tribunal compte recevoir un rapport préparé par les spécialistes des technologies de l'information sur la base des conclusions des tests de pénétration de système avant la clôture des audiences mardi.

Ce rapport aidera le tribunal à trancher sur les accusations de piratage, avec l'existence prétendue de bureaux de vote non répertoriés, et les allégations de différence entre les résultats annoncés dans les bureaux de vote et ceux inscrits sur les formulaires.

Les avocats de M. Odinga ont déclaré au tribunal qu'une formule statistique aurait été utilisée pour truquer les élections en faveur de M. Kenyatta.

La différence de nombres de voix entre MM. Kenyatta et Odinga n'auraient pas pu autrement rester si constantes sur le portail alors que les données provenaient aléatoirement de différents bureaux de vote de tout le pays, ont fait valoir les avocats de M. Odinga.

Ils ont également fait valoir que les résultats n'auraient pas dû pouvoir commencer à affluer dès 17h07 le jour de vote, alors que l'heure officielle de fermeture des bureaux de vote était 17h00.

Otiende Amollo, avocat représentant M. Odinga, a déclaré que les résultats des élections avaient été déclarés avant l'obtention par l'IEBC des 10.480 formulaires de déclaration de résultat des bureaux de vote par l'IEBC.

Les avocats du dirigeant d'opposition ont également affirmé à la cour que les résultats intégraient des bureaux de vote non reconnus officiellement pour la réception de résultats électoraux.

Selon M. Amollo, la Commission s'est de toute évidence efforcé de corriger ces écarts par un exercice de manipulation.

"À la date du 14 août, trois jours après la déclaration du vainqueur, il manquait toujours à la Commission 10.000 formulaires 34A. Si l'on considère que chaque bureau de vote comptait pas moins de 700 électeurs, on parle de sept millions de suffrage", a déclaré M. Amollo.

Les formulaires de 14 circonscriptions, qu'il a également présentés, n'ont pas été remplis par des officiers habilités et sont par conséquent invalides, ce qui affecterait 594.476 voix, selon lui.

(Rédacteurs :Wei SHAN, Guangqi CUI)
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